Autisme et empathie

Par Josée Durocher

J’ai longtemps pensé que les gens qui étaient autistes n’éprouvaient aucune empathie. C’est une idée préconçue, un préjugé, qui est véhiculé par la croyance populaire. Vous savez ? Celle-là même qui, un jour, disait que la terre était plate !

Chaque être humain est différent. N’empêche, leurs unicités, hommes, femmes et enfants se ressemblent et éprouvent sensiblement les mêmes choses.

Avant, j’étais très fière de savoir mes enfants en bonne santé physique et mentale et jamais je ne me serais doutée, puisque je n’en connaissais pas les signes, qu’un deux était autiste Asperger.

C’est vrai. Il lui arrive d’être un peu tranchant, intolérant pour certaines choses, et catégorique pour d’autres, mais je voyais là une personnalité standard. Je me disais que mon fils, avec ses particularités, aurait une vie extrêmement normale.

Certains processus se font en lenteur chez-lui quand d’autres se réalisent très rapidement. Il est vraiment intelligent et logique. Son intolérance à certains aspects de la vie le rend original, sans plus.

Mais jamais, non jamais, je n’ai pensé qu’il n’avait aucune empathie. Quelle n’a pas été ma surprise d’apprendre d’un neuropsychologue, l’hiver dernier, qu’il était autiste Asperger ! C’est drôle, mon cerveau tentait de bien saisir cette nouvelle information, mes croyances l’en empêchaient.

L’une d’elles était le fait qu’il éprouve beaucoup d’empathie pour les gens qu’il aime et pour tous ceux qu’il respecte. Si je creuse un peu, j’admets que ses élans d’empathie sont même très à propos et lorsqu’il les suit, il est même des plus réconfortant… à sa manière.

Je comprends aujourd’hui que c’est là, dans sa manière d’exprimer son empathie, qu’il est différent des autres qui en expriment aussi.

Par exemple, il pensera très fort à une situation donnée avant de s’exprimer à son sujet. Il n’est pas du genre impulsif, c’est vrai. Mais quand il éprouve de l’empathie, on le sait. On s’en rend indéniablement compte puisqu’il trouve les mots justes et bons et est capable d’imaginer la peine, le mal et la souffrance ressentis.

Si on m’avait dit que mon fils est autiste Asperger relativement à son manque d’empathie, j’aurais nié catégoriquement cette affirmation puisque, pour moi, les autistes Asperger n’en éprouvaient pas.

Je crois, et ce n’est rien de scientifique puisque ce n’est que mon opinion personnelle, que dans la population, il existe des gens qui n’éprouvent pas d’empathie… ils ne savent même pas ce que c’est.

Je crois aussi que certaines personnes, et j’en étais, se précipitent à poser des étiquettes sur les autres par besoin de mieux gérer ce que l’inconnu leur fait vivre. 

C’est connu, l’inconnu peut faire peur et de catégoriser les choses et les gens nous aide à conceptualiser ce que nous ne connaissons pas ou connaissons peu.

Aujourd’hui, mon fils et moi, nous nous payons bien ma gueule d’antan. Si j’ai appris une chose avec le diagnostic qu’il a reçu le 4 janvier 2018, c’est bien que les préjugés et les croyances peuvent être démolis très rapidement. Les étiquettes s’envolent et c’est très bien ainsi.

Je sais pertinemment que des étiquettes, il en aura bien collées au front qui lui seront généreusement données par le reste de la population et cela toute sa vie, mais parce que j’ai appris à ne plus en coller à qui mieux mieux, je crois qu’il sera, lui aussi, capable de ne pas les porter.

Le manque d’empathie, ce n’est certes pas son problème. Comment l’empathie est exprimée est une chose qui est peut-être différente chez lui, mais honnêtement je préfère la sienne à bien d’autres qui ne sont pas sincères.

Parce que, s’il m’apprend beaucoup de choses chaque jour par ses comportements qui dérangent certaines personnes, une de celles-là est qu’il est authentiquement authentique. Alors quoi de mieux qu’un élan d’empathie vers nous lorsqu’il est bien senti ?

 

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