Autisme: j’ai « frappé » un mur!
Par Josée Durocher
La semaine dernière, j’ai « frappé » un mur psychologique et sonore et j’ai du mal à m’en remettre. Je sais que le temps arrangera les choses, mais le temps ne passe pas vite, vite…
J’étais vraiment heureuse de me retirer dans un immense chalet luxueux dans le coin de St-Raymond de Portneuf avec des gens que j’aime de tout mon cœur. Nous étions près d’une dizaine de joyeux lurons à nous retrouver pour la fin de semaine de Pâques.
Cela faisait des mois que nous préparions cette petite excursion en dehors de la vie quotidienne de chacun en dressant le menu de notre séjour, la liste d’épicerie et en préparant nos bagages.
Dès mon entrée dans le chalet en question, un long frisson me passa dans le dos : il y avait beaucoup d’écho ! L’écho était catastrophique ! J’ai gelé ! J’ai figé ! Je ne m’attendais pas à cela.
Doté de deux étages distincts, dont un où se trouvait une table de billard et autres amusements et qui donnait sur une grande mezzanine, le chalet était aussi muni d’un foyer central au premier étage.
C’est là que j’ai passé le plus clair de mon temps pour ne pas dire TOUT mon temps, bien assis devant le foyer en tentant de me concentrer sur autre chose que le bruit intense. Comprenez-moi bien, mon cœur et mon esprit étaient partagés : d’un côté, je me réjouissais d’entendre mes congénères s’amuser, rire et échapper des cris de joie et d’un autre, il m’était très difficile de vivre tout ça.
Oh, j’avais déjà eu du mal avec le bruit… dans les foules ou des spectacles quelconques, mais avec un groupe d’amis, non. Je me suis donc retrouvée face à face avec une de mes limitations, incapable de réagir ni même de bouger parfois.
À un certain moment, j’ai rassemblé toutes mes forces et je me suis dirigée vers la cour extérieure donnant sur un lac embrumé. Malgré le froid, j’y suis passée au moins une heure à tenter de calmer l’impact qu’avait eu le bruit sur mon ouïe. J’avais mal, je pleurais… pas en gros sanglots, non. Mais les larmes coulaient sur mes joues sans que je ne me force à sangloter. J’ai paniqué et je ne savais plus quoi faire…
Je me suis rendu compte que j’étais vraiment près d’un meltdown et non, je ne le souhaitais vraiment pas ce meltdown. Les amis avec qui j’étais savent pour mon autisme, savent que je connais certaines limitations, mais ne connaissent pas toutes les conséquences causées par ce genre d’hypersensibilités.
Ce n’est que sur le chemin du retour que mon ami à qui je me confiais sur cette souffrance m’a demandé pourquoi je n’avais pas apporté des coquilles. Pourquoi ? Oui pourquoi ? Bien, honnêtement, parce que jamais je n’avais été dans une situation pareille et je n’en avais jamais vraiment ressenti le besoin.
Mais… j’ai pensé à mes bouchons en silicone que j’utilise quand on passe l’aspirateur chez moi. Du coup, j’ai souri… vous pouvez être assurés que mes bouchons seront toujours dans mon sac à l’avenir !
Je suis une personne autiste. Je suis handicapée dans la mesure où mon environnement ne m’est pas adapté. Maintenant, à moi de « ramasser » tout ça et d’expliquer ce que j’ai vécu aux amis. Sans mes explications, ils resteront probablement sur l’impression que je me suis isolée tout le week-end, boudant leur compagnie et m’ennuyant en espérant que le temps passe plus rapidement.
Donc, ma limitation, ma responsabilité. Je suis responsable de mon bien-être et expliquer ma réalité aux autres fait partie de cette responsabilisation. Ils ne peuvent pas deviner ce que je vis ; personne ne le peut.
Au projet week-end entre amis, je serai prête ! Qui sait, peut-être vais-je me laisser tenter par le billard?