Autisme : je n’ai plus d’énergie pour ça!

Par Josée Durocher

Il paraît que les femmes Asperger sont très naïves. Le suis-je aussi? Probablement, oui. J’ai cette tendance à ne voir et à ne souligner que le plus beau chez les gens, excusant les défauts qui, pourtant, me sautent aux yeux. Bah, ils me sautent aux yeux une fois qu’on a abusé de ma confiance, oui!  Autisme!

J’ai longtemps pensé que c’était les autres qui avait tort de ne remarquer que le négatif chez les gens. Il faut dire qu’ils sont effectivement nombreux à le remarquer, à en parler et à le renoter.

Mais, loin de verser dans le pessimisme, mes élans vers le positif ont diminué récemment. Il est vrai qu’on m’a une fois de plus menti, trahi. Et une fois de plus je n’ai pas compris pourquoi. La différence, cette fois, c’est que je ne me suis pas éternisée à écouter les plates excuses de l’autre. J’ai réagi promptement et j’ai coupé la relation.

Une fois de plus, je me suis fait avoir. Mais, cette fois-ci, je me suis juré que c’était la dernière fois!

C’est que, depuis que je me sais Asperger, je comprends davantage tout ce que je vis et la manière dont je le vis. Je suis une grande sensible dans le fond! Et je crois, et c’est mon humble opinion, que plusieurs femmes Asperger le sont également.

Souvent, j’ai entendu dire – même si ce n’est pas fondé- que les autistes n’éprouvent pas d’empathie. J’en éprouve comme toutes les autres femmes que je connais avec la même condition que moi. Et j’en éprouve tant et si bien que, souvent, même si je me rendais compte qu’on me mentait ou qu’on exagérait la vérité, il n’y avait pas là une raison valable de me résoudre à couper les ponts.

« Cette personne n’est pas tout à fait authentique mais elle a tellement de belles qualités… Le fait que quelqu’un me mente ne fait pas de lui un menteur pour autant! » Vous voyez le topo?

Dernièrement, je me suis rendue finalement compte qu’un individu de mon entourage était ni plus ni moins un mythomane. Ça m’a complètement dévastée de me rendre à cette évidence mais tellement de choses sont venues me prouver la vérité!

Est-ce que cette personne a menti à d’autres? Éhontément, oui! Est-ce que tout le monde a été bouleversé comme moi? Pas tout à fait…

La réalité est telle que j’ai beaucoup de mal avec les codes sociaux. Ce n’est pas nouveau pour personne, en tant qu’Asperger, il m’est difficile souvent d’entretenir des liens sains ou jugés sains par les neurotypiques (les non-autistes).

Alors, je m’investis vraiment en relation. Quand j’ai des amis, c’est devenu une seconde nature, j’investis beaucoup d’efforts en temps et en énergie dans ces amitiés. De me rendre compte que l’autre aura investi beaucoup en mensonges et en tromperies me dévaste. Déjà que j’ai un deuil de la relation à faire, j’ai le deuil de mon innocence à faire aussi chaque fois que cela m’arrive.

La solution? Il serait simple pour moi de décréter que je ne veux plus d’amis. J’ai d’ailleurs, dans une partie de ma vie, connu le désert socialement pendant une bonne dizaine d’années. Trop d’hypocrisie m’avait fait faire le choix peu commun de me retirer de toutes mes relations. Trop d’abus aussi.

Mais je n’ai pas envie de revivre ça aujourd’hui. Si j’ai du mal à déterminer qui de mes amis n’est pas authentique, je n’ai aucun problème à dire haut et fort que la plupart d’entre eux sont des gens formidables et magnifiques!

Il serait effectivement dommage de mettre tout le monde dans le même bateau. Mais, parce que je n’ai plus le temps ni l’énergie pour les salades de tous genres, je ne m’éternise plus à recevoir et écouter de sottes explications à la mesquinerie et qui n’ont qu’un but : m’abuser à nouveau.

Ai-je une petite peur tapie dans l’ombre de mes pensées qui me crie de tout laisser tomber? Oui. Mais vais-je laisser cette peur et cette mauvaise expérience me pourrir la vie? Non! J’ai des amis de tout acabit, autistes et neurotypiques et je fais le choix de « rechoisir » mes amis actuels.

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