Ce que je pense des études portant sur l’autisme


Par Josée Durocher

Dernièrement, ce n’est certes pas passé inaperçu, le Dr Laurent Mottron était l’invité chouchou de nombreux interviewers concernant une étude qu’il défendait et qui portait sur l’autisme.

Je vous le dis tout de go, je n’ai rien contre ce genre d’études qui traitent de l’autisme. Cependant, petit bémol, j’en ai contre la tendance qu’ont les médias à traiter la chose comme si c’était la vérité infuse et à n’envoyer qu’à leur auditoire des messages terrifiants et tous plus décousus les uns que les autres.

En mettant l’accent sur certains passages desdites études, on s’aperçoit bien qu’ils ne parviennent qu’à une chose soit de désinformer les gens plutôt que les informer correctement. Je m’explique…

Si je prends comme exemple les résultats dont Dr Laurent Mottron parle partout ces temps-ci et qui ont eu l’effet d’une bombe — et pas toujours pour les bonnes raisons — dans le monde médiatique, beaucoup de gens qui m’abordent maintenant sont d’avis que la moitié des autistes ne le sont pas.

Donc, j’ai droit à moult questionnements concernant l’autisme, moi qui m’affiche comme étant Asperger et ce ne sont pas toujours des questions habiles que je reçois. J’ai droit à beaucoup de jugement également.

Je ne mets pas en doute ici les résultats d’études qui sont défendus et les tentatives d’explications en-deçà de cinq minutes qu’on a pu voir ici et là, non. Ce que je mets en cause, c’est l’idée générale qui reste après les entrevues accordées.

Beaucoup de personnes se sentent maintenant investies, parce qu’elles ont dans les faits investi cinq grosses minutes pour voir, lire ou entendre quelques extraits des résultantes de cette étude, d’un mandat veillant à démasquer les autistes qui ne le seraient pas.

J’ai mal à mon autisme, si vous saviez ! Et ces temps-ci plus que jamais, je parle du livre que je signe Manteau(x) d’Asperger comme réponse à ces gens qui ne se rendent pas compte que derrière l’autisme, il y a des personnes… des humains avec des émotions et une patience à fleur de peau quand ils mitraillent de questions les autistes qui ne peuvent de se défendre.

Car les questions ainsi posées ressemblent à de l’acharnement et je me dis qu’il serait grand temps pour toutes ces gens — les médias compris — d’entendre, de voir ou de lire les autistes eux-mêmes qui ont beaucoup à leur apprendre sur cette condition.

Je ne suis pas la seule à parler d’autisme et c’est tant mieux. Que les spécialistes de la question se pointent et parlent de leurs récents travaux de recherches est une bonne chose. Mais de grâce ! Soyons tout de même conscients que tout cela a des répercussions dans le monde autistique !

J’ai mes mots pour expliquer mais j’en ai marre de me défendre car, entre le fait de s’expliquer et le fait de se défendre, il y a tout un monde !

Outre ce qu’on raconte déjà, il y a tellement de questions que les neurotypiques (les gens qui ne sont pas autistes) pourraient nous poser pour mieux nous comprendre. Et il existe tellement d’autistes pour leur répondre !

Moi, je ne suis pas spécialiste de quoi que ce soit si ce n’est de ma vie… comme tous mes camarades autistes, la plupart du temps. Alors, je me dis qu’il y a tellement de ressources en matière de témoignages sur le Net, que les gens ont un vaste éventail de choix comme sources d’informations.

Et n’ayez crainte ! Un faux diagnostic n’est pas du tout confortable alors, au lieu de tomber dans une sorte de chasse aux sorcières pour savoir qui est vraiment autiste et qui ne l’est pas, détendons-nous, prenons les informations pour ce qu’elles sont, des informations. D’autres études viendront mais les autistes, eux, resteront.

Je ne dénigre pas ce genre d’études mais je crois que nous devons faire attention dans notre tendance à tout interpréter de travers et à mettre sur la sellette des gens ont bien d’autres choses à faire que de se défendre d’hypothétiques travers.

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