Comme un reset autistique

Par Josée Durocher

Deux jours et deux nuits dans le noir et dans le silence, tantôt allongée, tantôt assise, bien calée dans un fauteuil rembourré aux coussins rebondis et confortables… je suis demeurée ainsi, non par choix, mais par nécessité.  Comme un reset autistique!

 

Cela m’est déjà arrivé d’avoir besoin de temps et de silence, de la pénombre et de son calme avec seuls les chats pour compagnons acceptés en ma présence, mais jamais comme j’en ai eu besoin là…

 

De dures épreuves

Cette année, les fêtes ont été dures pour moi. Non, pas de festivité et non, pas de visite non plus.  Mais j’ai eu de très mauvaises nouvelles en fin d’année et j’ai éprouvé aussi beaucoup de peine.  J’étais carrément en état de choc!

 

J’ai pleuré, j’ai ragé… je me suis dit que tout cela était bien injuste et j’ai demandé à voix haute ce que j’avais bien pu faire ça pour mériter tous ses obstacles et toute cette tristesse… rien à faire, je n’ai pas trouvé de réponse et je n’ai pu m’y faire.

 

Un silence qui répare

Je me suis donc glissée dans un silence lourd et j’ai ressenti un grand besoin de calme et de solitude.  Un peu comme si j’avais épuisé toute mon énergie, j’ai fait un redémarrage, un grand reset!

 

Je ne suis pas encore sortie de mon silence, même si je m’affaire maintenant à quelques activités.  J’ai besoin de temps sans parler.  J’imagine que certains d’entre vous qui ne sont pas autistes se demandent bien pourquoi!  Moi-même j’ai un peu de mal à me l’expliquer alors, l’expliquer aux autres, ce n’est pas facile.

 

Disons que je sentais la catastrophe venir ou ce qu’on appelle plus communément la désorganisation.  Ce n’est pas évident de sentir que nous nous apprêtons à perdre le contrôle et je me suis rendue le plus loin que mes pleures m’avaient emmenée.

 

Dormir

Je me berçais pour me réconforter en tournant une mèche de cheveux machinalement et exagérément quand je me suis levée d’un bond pour aller me réfugier dans mon lit.  J’ai dormi.  J’ai tant dormi, je n’ai pas compté les heures, mais j’ai dormi pour oublier le temps qui ne passait pas suffisamment rapidement.  J’ai dormi pour oublier ma peine.

 

Tout mon corps ainsi en dormance, le grand reset se réalisait sans que je n’aie à faire quoi que ce soit d’autre que de me laisser glisser dans ce sommeil si paisible.  J’en émerge à peine depuis quelques heures et j’en ressens déjà les bienfaits.

 

Éviter une crise, un meltdown ou un shutdown, ça vaut bien touts les oreillers qu’on puisse imaginer!  Adieu les tremblements, les grincements de dents, les mèches de cheveux qu’on tournoient trop fort sur nos doigts étranglés et Adieu les larmes qui filent le long des joues, larmes dont on ne peut contrôler le débit.

 

Même sans en être revenue tout à fait, je me sens libre du pire.  Je me sens régénérée… apaisée.  Plus envie de pleurer et plus envie de serrer la mâchoire, je peux enfin commencer cette nouvelle année.

 

Pour tout le monde

À tous ceux qui me liront et qui comprendront, dites-vous qu’on explique ce qu’on peut et que rien ni personne ne peut nous obliger à nous justifier  sur ce genre d’états… si je le fais c’est parce que je le veux bien.

 

À tous ceux qui me liront sans comprendre vraiment, laissez vos préjugés à la porte lorsque vous entrer dans mon monde, même virtuel… relisez jusqu’à ce que ce texte fasse du sens.   J’ai tenté de décrire ma réaction du mieux que je le peux.

 

Penser à soi

Loin des meldowns et des shutdowns – oui j’utilise les termes anglophones ne vous en déplaisent- je me situe maintenant dans un état de paix intérieur que je souhaite à tous et à toutes, personnes autistes ou non.  Et dites vous bien que s’il vous est impossible de faire autrement, il est bon de prendre du temps pour soi, sans culpabilité ni regret.  Cela ne regarde que vous et vous seul.