De l’incompréhension et de l’intolérance

Par Josée Durocher

Elle n’aurait ni le temps ni l’énergie de le faire, alors j’écris pour elle. Ce texte est dédié à Émilie et à tous les parents d’enfants différents. Puissions-nous vivre dans un monde où l’incompréhension et l’intolérance font place à l’empathie et l’indulgence.

C’était une journée chaude de mai. Rien de particulier si ce n’est que nous étions en pleine pandémie et qu’Émilie, qui est Aspie (autiste Asperger) et maman de deux enfants autistes aussi, expliquait à un voisin embêté par les comportements de son fils de huit ans, ce qu’est l’autisme et le trouble d’opposition, un trouble de langage modéré ainsi qu’un TDAH (trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité).

Ce genre d’explication, qui tourne souvent à une justification malsaine, Émilie en donne à longueur de journée au rythme effréné de ce que les autres considèrent être les frasques de son rejeton.

Outre son hypervigilance en ce qui concerne la surveillance de son petit, elle doit recoller les pots cassés et s’excuser tout le temps. Les gens ne prennent pas véritablement de recul quand vient le temps de se plaindre que le petit est entré par irruption dans leur cour arrière pour creuser des trous ou encore pour cueillir les fleurs fraîchement plantées.

À demi-mot, on l’accuse d’être une très mauvaise mère, et tout le monde s’entend sur la façon qu’elle a de faire la discipline à la maison. Certaines personnes lui ont même prédit, sans comprendre quoi que ce soit à la condition du petit, qu’il finirait par être ultraviolent si elle ne le « cassait » pas immédiatement.

Un peu de répit

Du répit, elle en a peu. Émilie gère comme elle le peut, comme de nombreux parents, le fait que les classes spécialisées TSA (trouble du spectre de l’autisme) ne se redonneront qu’en septembre.

L’été, comme elle me l’explique, sa petite famille et elle passent souvent la journée à la plage, ce qui intéresse sa fille et son fils, ce dernier se couchant le soir bien fatigué.

Mais nous sommes en mai… pas de plage à l’horizon dans un confinement qui ne fait qu’aggraver les choses et échauffe les esprits. Les gens ne sont pas patients et quand ils sont témoins de comportements qui sortent de l’ordinaire chez un enfant, ils ne réfléchissent pas une seconde et vont se plaindre à la mère.

Et ça, c’est quand ils ne la réprimandent pas! Effectivement, Émilie a dû, de nombreuses fois, essuyer les propos vindicatifs de plusieurs personnes.

Prendre la parole

Entre deux escapades pour récupérer son fils qui s’est aventuré un peu trop loin ou lorsqu’arrive le soir et qu’il tombe de sommeil, Émilie, qui n’a pas souvent la chance de voir du monde, se connecte à l’Internet et joint des groupes de discussion qui parlent d’autisme.

C’est d’ailleurs un de ses statuts dans l’un de ces groupes auquel j’appartiens aussi qui m’a mis la puce à l’oreille et qui m’a poussée à lui demander si elle voulait s’exprimer sur cette tribune pour se confier, mais aussi pour éveiller les autres à sa réalité qu’elle n’est certes pas la seule à vivre quotidiennement.

Elle, qui finit toujours par dédramatiser sa situation en faisant des blagues, a été charmée par l’idée, mais, paradoxalement m’expliqua qu’un moment donné, à faire de la sensibilisation toute la journée avec les gens qui rencontrent son fils, elle en a assez de parler d’autisme et souhaite vraiment se changer les idées.

Mais ma suggestion de rédiger ce texte lui a immédiatement plu. Peut-être que les gens, ce faisant, seront plus ouverts envers les différences pour donner suite à leur lecture? 

Puisqu’elle fait face à l’incompréhension et à l’intolérance chaque jour (sauf de rares cas), je souhaite à cette maman ainsi qu’à tous les parents qui vivent pareille situation, qu’on lui sourit chaque jour, qu’on s’informe de sa santé, de son moral et bon sang… qu’on cesse de la juger!

Paraît qu’il faut tout un village pour élever un enfant. Je suis d’accord. Tout le monde trouve cet adage très vrai, mais où sont passés les villageois quand l’enfant est différent?

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