Embrassez vos enfants ce soir!

Par Josée Durocher

C’était lors de la première rencontre parent-enseignant de l’année.  Il était en troisième année. Sa coupe « petit page » lui allait si bien!  Ses petites joues roses et sa bouche en cœur, mon fils était véritablement adorable.  De plus, il avait un caractère d’ange.  Il traînait de temps en temps de la « patte », mais était toujours gentil, serviable, sage et ricaneur. Mon petit garçon, tout le monde qui le connaissait l’aimait!

Sauf elle.  Son enseignante qui – j’ai longtemps tenté de me convaincre qu’elle était tout simplement maladroite, en vain- n’en manquait pas une pour parler en mal de mon fils.  « Je tente de le discipliner et il me regarde dans les yeux et se moque de moi! », m’avait-elle lancé.  Cela ne ressemblait pas à mon fils.

En toute objectivité

Honnêtement, je sais que nous ne sommes pas toujours objectifs, nous, les parents, quand il est question de nos enfants, mais je ne comprenais pas du tout ses commentaires qui ne faisait qu’accuser mon rejeton.

« Je le prive de récréation!  Les autres s’amusent et il les regardent par la fenêtre! »  C’en était trop.  Elle me racontait tout ça comme si je la laisserais aller de l’avant avec ce qui semblait être de la hargne pure et dure.  C’était bien mal me connaître, moi qui suis contre toute injustice!

Elle mettait tant de volonté à m’expliquer à quel point mon fils était haïssable, trop de volonté, que je n’ai pu me retenir bien, bien longtemps et je me suis fâchée contre elle.

Je ne me suis pas gênée pour lui faire la morale… lui dire que d’empêcher un enfant d’aller prendre l’air et de se dégourdir les jambes, s’amuser avec ses amis, rire et courir, bah, ça ne se faisait pas.

Moi devant un mur

Elle en mettait trop et beurrait vraiment épais que j’ai décroché assez rapidement.  Je devais me faire à l’idée :  elle n’aimait pas mon fils!

Mais qu’elles étaient mes options?  À part la remettre à sa place, que pouvais-je faire pour éviter que le courroux d’une enseignante ne frappe mon enfant?

Il n’était pas mon premier… son frère plus vieux avait eu son lot de difficultés et de facilités aussi avec ses différents enseignants.  Dans ma logique, l’enseignante détestait mon enfants parce qu’en une heure, elle n’avait rien dit de positif au sujet de mon fils… Que du négatif!  Et je vous jure que j’allais de surprise en surprise dans tout ce qu’elle me racontait des supposés comportements de mon fils.

Alors, non, je ne me suis pas retenue! J’ai dit ma façon de penser à cette femme qui statuait que mon fils était gâté, mal poli, mal engueulé, baveux (oui elle m’a dit qu’il était un p’tit baveux) et pas assez intelligent en plus d’être paresseux. 

En ce concernait la paresse, je reconnaissais mon fils, mais pour le reste, je ne le reconnaissais en rien et c’était décriée avec tellement de haine.  Elle perdait le contrôle et ça paraissait.

Après lui avoir dit ma façon de penser et spécifiquement spécifié de trouver autre chose que de priver mon fils de ses pauses, je me suis dirigée directement au bureau de la direction de l’école.

Avec la directrice, on a eu une bonne conversation.  J’avais vu tellement de red flags que je devais me positionner en mode « défense ».

Finalement, l’enseignante quitta quelque chose comme deux semaines après cette rencontre pour cause de  burnout.  J’étais soulagée et je n’ai eu aucune empathie pour elle.  S’en prendre à mon fils en lui lançant et en me lançant son poison aura marqué mon enfant et moi aussi.  Donner notre confiance, à nouveau, à des enseignants n’a jamais été facile pour nous deux par la suite.

Le temps a passé

Aujourd’hui, le temps a passé et mon fils est désormais adulte.  Quand je repense à tout ça, j’ai le cœur gros.  Je sais qu’on voit les enseignants comme des gens super, moi-même j’en conçois toute l’importance dans notre société, mais, comme dans tout il peut y avoir des gens dans le lot qui n’y ont pas leur place. 

Et avec tout ce qui se passe en enseignement de nos jours, je suis inquiète, car je me dis que ce serait facile pour une personne malintentionnée de se faire une place, justement là!

Aujourd’hui, je comprends mieux le parcours scolaire chaotique de mon fils.  Depuis cette enseignante, il a connu des violences à l’école et pas seulement de la part des autres élèves et beaucoup d’intimidation aussi.

J’ai tenté d’intervenir à maintes reprises mais c’était difficile, car c’est mon fils qui payait la facture de mes impatiences et même de mes appels à l’aide.

Mon fils est autiste.  Évidemment, tout n’était pas parfait dans ses communications, mais une chose définit mon fils plus que tout autre chose :  son honnêteté!  Il a toujours juré ne pas avoir eu de comportements déplacés et je le crois.

Toute cette violence… pourquoi? Par ignorance, par impatience, par préjugés et aussi par méchanceté, malheureusement.

Vos enfants

Si j’en parle aujourd’hui c’est pour dire aux parents qui se trouvent dans une situation similaire à laquelle j’ai vécue, de ne pas lâcher, de tenir bon dans le pire de la tempête et que le reste suivra.  Je leur dit aussi d’aimer leurs enfants si fort qu’on ne les « montent » pas contre tout le système d’éducation.  Il n’y a pas deux personnes pareilles.  Alors, il est peu probable de tomber sur la méchanceté chez un enseignant plus d’une fois.

Je suis pour les communications respectueuses, je suis pour les collaborations positives et aussi pour la continuité dans les règles de la maison à l’école et de l’école à la maison. Mais il importe que tout se fasse sous le signe de l’authenticité.

Je ne regrette pas mes réactions face aux accusations de l’enseignante de mon fils lorsqu’il était en troisième année.  Tout ce que je regrette c’est que le temps a passé et je ne borde plus ce petit garçon en lui disant que maman le croit et qu’elle fera tout pour améliorer les choses.  Il est grand maintenant.

Embrassez vos enfants ce soir…