Est-ce à la mode d’être autiste?

Par Josée Durocher

Avec les émissions Autiste bientôt majeur et Alerte Amber, les apparitions nombreuses de Greta Thunberg dans les médias, les sorties publiques de plusieurs personnalités artistiques québecoises au sujet du syndrome d’Asperger, on parle d’autisme plus que jamais.  Serait-ce à la mode d’être autiste?

Une mode?

Une jeune amie, défenderesse de l’environnement et autiste Asperger, me faisait remarquer, aujourd’hui, qu’il serait dommage qu’il en soit ainsi. Et je ne peux qu’être d’accord avec ses propos!

Il est temps que nous parlions d’autisme et j’espère que cela ne cessera pas de sitôt.  Les gens ne comprennent pas tout dudit sujet et il serait réellement dommage que le flot d’informations auquel ils ont désormais accès s’arrête.

Bien sûr, il n’y aura pas toujours des reportages ou des téléséries et Greta passera peut-être aux oubliettes, mais nous, les autistes, avons une responsabilité certaine et c’est celle de sensibiliser la population le plus possible.

L’acceptation

Si je pense à ma propre histoire qui en a été une de camouflage social presque toute ma vie, ma responsabilité première est d’être moi-même et de ne plus tenter de faire comme tous les autres, ceux qui ne sont pas autistes, en imitant leurs comportements et leurs actions.

S’accepter soi-même est le premier pas pour sensibiliser les autres!  Je le pense sincèrement.

Nous devons également prendre notre place, celle qui nous revient de droit.  Tout le monde a une place bien à lui.  La prendre n’enlève rien à personne et ne la pas la prendre la laisse vide… de sens.

En tant qu’autiste Asperger, à la lumière du diagnostic que j’ai reçu au sujet de ma condition, je me suis donné pour mission d’en parler dans mes nombreux textes et conférences à venir.  Non, je ne suis pas une experte de l’autisme comme d’autres en font mention, je ne suis qu’experte de ma vie.

Mais je crois que cela est suffisant pour passer un message clair qui veut que je sois peut-être différente, certes, mais que ces mêmes différences peuvent apporter énormément aux gens qui m’entourent et à la société en général.

Une affaire de gang

Si chacun de nous, dans ce que nous sommes aptes à faire, en profitait pour sensibiliser les gens, nous évoluerions dans un monde plus enclin à accepter les différences.

Bien sûr, on voit des autistes avec des différences très apparentes mais il y a en d’autres dont les différences sont moins évidentes.  Il importe d’ouvrir notre monde intérieur aux autres afin qu’ils sachent que ce monde est riche en idées de toutes sortes, mais surtout en émotions, tout comme le leur.

Dans le lot des gens qui seront ainsi sensibilisés, peut-être y en aura-t-il des comme moi, pour qui l’autisme est un mystère qu’ils tentent d’élucider depuis leur naissance.  Ayant reçu mon diagnostic à 49 ans, je suis en mesure de témoigner que j’aurais aimé qu’on m’en parle bien avant!

Tant de souffrances auraient ainsi été évitées et tellement d’incompréhension aussi.

Non, je ne me tairai pas.  À ceux qui trouvent que j’en parle trop, je les invite à regarder ailleurs pendant que je tente de changer le monde pour un monde d’acceptation et d’inclusion.  L’autisme, qu’on se le dise, on en parlera tant qu’il y aura des gens comme moi pour en parler!

Et si la vue d’une personne différente avec des comportements différents dérange, je me dis que c’est sûrement parce qu’on ne les voit pas suffisamment.

J’aime penser que j’aurai toujours davantage de lecteurs pour me supporter dans ma mission de vie.  L’autisme, ce n’est pas une mode, c’est quelque chose qui touche tellement de gens qu’on n’a pas fini d’en entendre parler!

Et vous?  Êtes-vous autiste?  Connaissez-vous l’autisme?  Comment s’assurer qu’on en parle souvent et longtemps?

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