Je suis autiste. Ça vous choque?

Par Josée Durocher

Il y a des moments dans la vie où nous nous rendons compte que nous, nos comportements ou nos actions dérangent. Ça nous arrive tous… ce doit être humain de déranger ! Moi, personnellement, quand je fais un truc nouveau, je m’y attends. Il y a toujours quelqu’un qui ferait les choses autrement, c’est certain. Mais qu’en est-il de mon autisme ?

Je suis autiste

C’est ce que je dis presque chaque jour à qui veut bien l’entendre – et même à ceux qui ne veulent pas l’entendre –, que ce soit sur le web, dans mes textes ou lors de premières rencontres. J’aime bien annoncer mes couleurs. Mais il y a des gens chez qui cette annonce n’est pas de bon augure, croyez-moi !

Cela fait maintenant 9 mois que je sais. J’ai reçu mon diagnostic d’autisme en janvier dernier. Cela fait encore une onde de choc chez certaines personnes de ma connaissance. Comme les gens avec qui j’ai entretenu des liens tissés serrés auparavant.

Ces gens ne peuvent concevoir que l’autisme leur est passé sous le nez sans qu’ils s’en rendent compte. Certains sont carrément fâchés d’apprendre une telle nouvelle et d’autres, pas plus fins, éprouvent une certaine honte qui m’est étrangère.

Ça vous choque ?

Croyez-le ou non, j’ai des amies qui ne font plus partie de mon paysage depuis que je sais que je suis autiste. Comme si j’étais contagieuse, elles m’ont fuie comme la peste ! Pour certaines, j’ai mis temps et énergie à vouloir communiquer avec elles, en vain. L’autisme m’a rayée de la carte on dirait !

J’avoue avoir un rictus pas si petit que ça quand je pense à mes anciennes flammes… de l’ex-mari au gars qui s’est bien joué de moi après ce mariage… à mon premier amour de jeunesse. Ils ne sont pas tous les mêmes, je ne voudrais pas généraliser, n’empêche que certains d’entre eux doivent avoir pâli en l’apprenant et ça me fait un petit bonheur.

C’est que je les sais à mille lieues de comprendre l’autisme. Je les connais si bien que je suis sûre qu’ils sont là à se remettre en question, à se dire qu’ils sont peut-être autistes eux-mêmes ou à se damner de ne pas s’en être rendu compte avant.

Consolez-vous

Mais qu’ils se consolent ! Si, moi, je ne m’en étais pas rendu compte, il y a peu de chances qu’ils m’aient posé un diagnostic ! 

La vérité est que ce qui choque tant les gens ce sont les préjugés relatifs à l’autisme. On n’a pas besoin de gratter le « bobo » beaucoup pour se rendre compte qu’il y en a des masses. Et si l’on pense que même les médecins souvent ont maille à partir avec les autistes parce qu’ils ne comprennent rien à leur condition ou sinon les grandes lignes seulement, on peut s’attendre à trouver de l’incompréhension à tout vent.

Je suis une personne, une femme autiste. Je porte différents chapeaux. Je suis la fille de, la mère de, la nièce de et l’amie de… bien des gens. Et si je n’ai pas eu de mal à avaler le fait que je sois ainsi, c’est que je me suis cherchée toute ma vie durant. Les autres, ils me prenaient comme j’étais ou non, c’était leur choix. Maintenant, certains d’entre eux sont choqués pour ce que je suis.

Je vous mentirais si je vous disais que je n’ai pas été blessée par l’abandon de certaines personnes à mon égard. Mais je vous mentirais aussi si je vous disais en être complètement chamboulée. La vie est bien faite : tu apprends à 49 ans que tu es une personne autiste et ça « dépoussière » tes relations si bien que certaines ont disparu.

Et, comme je le fais toujours, je me concentre sur ce que j’ai plutôt que sur ce que je n’ai pas. Ceux qui sont là, ceux qui sont restés les mêmes avec moi depuis l’annonce de mon autisme, ceux-là… ils sont là pour rester, croyez-moi !

Et vous ? Vous avez annoncé une telle nouvelle à votre entourage et les réactions ont été vives également ? Que faites-vous pour garder le moral ?

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