Jean Rivière, M. le directeur

Par Josée Durocher

J’étais assise là à discuter avec Jean Rivière et je n’en revenais pas tellement tout lui semblait facile. Et soudain, j’ai finalement compris : tout lui semble facile parce qu’il aime tout ça ! Tout ça étant son job, son personnel, ses élèves et son école… tout ça quoi !

« Il faut admirer les arrivées des étudiants le matin, à 8 h 45, et leurs départs à 15 h 15… c’est digne de grands ballets ! », m’explique Jean qui me sourit à pleines dents !

Il est intéressant, doux, gentil et bon, quoi demander de mieux pour un directeur d’école destinée à des enfants à besoins particuliers ?

« Je suis directeur de l’École régionale du Vent-Nouveau située sur la Rive-Sud, dans la région de Montréal, qui est une école spécialisée, avec un mandat régional pour des élèves qui témoignent d’une déficience et d’autistes et qui, pour certains, ont aussi des limitations physiques. »

Une journée de travail typique pour Jean Rivière

« Il y a de tout ! Je suis comme un chef d’orchestre et j’essaie de rendre les gens heureux ou du moins je fais mon possible ! Chaque matin, mon équipe et moi, nous faisons la liste du personnel absent… », me dit-il en toute conscience que la pénurie de personnel a eu des effets dévastateurs dans différents milieux.

Un projet éducatif terre à terre

Le projet éducatif de l’École régionale du Vent-Nouveau en est un qui se divise en trois parties : l’autonomie, la communication et la prévention ainsi que les pratiques sécuritaires. 

Eh oui ! Pour certains élèves, l’autonomie est plus difficilement atteignable, mais tout le personnel de l’école a à cœur de toujours emmener les jeunes au plus loin qu’ils le puissent.

En ce qui concerne la communication, pour les élèves lourdement handicapés, le personnel tente de trouver des moyens pour les élèves de communiquer selon leurs capacités. Le respect est omniprésent dans cette école !

Dans cet établissement scolaire, on retrouve 35 enseignants, pour 134 étudiants. Le ratio des élèves est de quatre à sept par groupe. Et, dans chaque classe, il y a un enseignant, un TES (technicien en éducation spécialisée) et un PEH (préposé aux élèves handicapés).

« Je suis conscient que ce genre de ratio peut être plus difficile étant pour certains groupes, mais tout le personnel est enthousiaste et a une foi inébranlable qu’iI peut faire une réelle différence dans la vie de ces jeunes-là », s’exclame Jean Rivière qui a l’œil brillant !

Il importe de conscientiser que le programme éducatif n’est pas le même programme de formation que les écoles québécoises en général… « Les élèves doivent comprendre le fonctionnement d’une journée. On leur apprend la gestion avec des pictogrammes entrecoupés de pauses intéressantes », m’explique-t-il.

Et la sexualité des élèves dans tout ça ?

J’ai questionné Jean Rivière à ce sujet, car il m’importait d’avoir une réponse. « C’est vrai que les élèves ici ne sont pas dans le développement de relations, mais quelquefois, ils ont des pulsions et de l’anxiété, et c’est souvent un moyen pour eux de gérer cette même anxiété.

Toutefois, si un élève a un TOC (trouble obsessionnel compulsif), nous ne tenterons pas de « casser » le TOC, mais on proposera autre chose, une alternative, pour gérer l’anxiété autrement.

Un conseil ?

« Aux gens qui œuvrent auprès d’une clientèle comme celle de l’École régionale du Vent-Nouveau et qui sont fatigués (cela peut même arriver à son personnel), je dis toujours qu’on doit être animé de l’intérieur, être optimiste quoi ! 

Quand ça arrive, j’essaie toujours d’aider l’autre à relativiser les choses, à dédramatiser et j’offre beaucoup d’écoute. »

Il faut dire aussi que le niveau de service d’accompagnement dédié au personnel de l’école est complètement génial dans cet établissement… psychologues, psychoéducatrices et orthophonistes apportent du soutien et du réconfort.

Et l’avenir pour Jean Rivière ?

« J’ai toujours aimé travailler avec des milieux défavorisés… j’aime aider les gens qui ont besoin d’aide. Je trouve tout cela très stimulant.

J’aime beaucoup les vibrations qui émanent du milieu communautaire… » Je mettrais donc ma main au feu qu’après sa carrière en éducation, Jean cuisinera dans un genre de « popotte » communautaire. Mais ce n’est pas pour tout de suite, car Jean a encore devant lui de très belles années à offrir à l’éducation !