La vie est belle, masquage ou pas !

Par Josée Durocher

Ce soir, c’était le lancement de la programmation de la radio allumée 103,3 FM et j’y participais. Effectivement, je suis heureuse de vous annoncer que je suis désormais chroniqueuse le 2e vendredi de chaque mois à l’émission du matin animée par Charles Gaudreau.

La chronique atypique

La chronique atypique — c’est son nom — traitera de différents sujets vus sous ma loupe neurodivergente. Il sera donc question de différences et de diversité toujours sous le signe du mieux-être.

Le fameux masquage

Mais, ce soir, à l’heure de passer en ondes pour parler de ma chronique et de répondre aux questions des deux animatrices Roxane St-Gelais et Josée Bournival, j’étais tellement bien profondément enfouie dans ce qu’on nomme le masquage qu’on dirait que les presque cinq dernières années n’avaient pas existé !

Un p’tit serrement de main par ici, un sourire par là… mon regard dans le regard d’autres personnes… tout cela était si intense et l’anxiété faisant sa place, comme à l’accoutumée, j’avais les jambes flageolantes et j’avais beau tout faire pour que rien n’y paraisse, tout le monde s’en rendait compte, j’en suis certaine !

Les relations publiques

En fait, avoir un microphone ne me rend pas tellement nerveuse. C’est tout ce qui vient avec qui est anxiogène. Faire du P. R. (public relations) comme on dit souvent dans ce genre d’événements est une épreuve en soi quand on est une personne autiste. Toutes ses règles que les neurotypiques de ce monde trouvent faciles nous sont souvent difficiles quand on est autiste.

Regarder les gens droit dans les yeux en tentant de mener une conversation intelligente sans décrocher du sujet, se faire toucher par des inconnus, sentir les différents parfums que les gens portent et c’est sans parler du fait que les locaux étaient petits et qu’il y avait bien du monde. J’ai masqué comme jamais je ne l’ai fait depuis que je me sais autiste et, honnêtement, ça ne me manquait pas du tout (rires) ! 

Un retour attendu

De retour chez-moi, épuisée par tous ces stimuli sensoriels, je suis tombée à plat dans mon fauteuil préféré. Tout ce que j’ai fait depuis c’est de répondre aux différents messages qu’on m’envoie sur les médias sociaux. Ce n’est que quatre heures plus tard (j’étais de retour vers 18 h et il est 22 h) que je vous écris ce texte.

Vivement ma chronique de vendredi matin ! Je n’aurais que moi à gérer et quelques personnes œuvrant à la même émission que moi. Dieu merci, des événements comme celui de ce soir n’arrivent pas trop souvent.  Mon cœur ne tiendrait pas le coup!

Ce n’est pas facile

Reste que je n’ai pas de regret. Non ! Si certains croient que j’ai opté pour la facilité en camouflant qui je suis réellement, ils n’ont certes pas raison ! C’est avec l’idée d’un sommeil, bien profond et qui dure longtemps, en tête que je m’apprête à mettre ce texte en ligne. Camoufler, c’est éreintant. Mais, j’ai choisi de faire ainsi parce que je n’avais pas le temps ni l’énergie de m’expliquer à chaque nouvelle personne que je rencontrais ce soir. La sensibilisation viendra bien assez vite… une personne à la fois ou à chaque chronique atypique que je ferai. 

Le cœur en liesse

Mais s’il est une chose que je retiens de cette soirée qui a été haute en émotions pour moi, c’est la qualité des personnes rencontrées. Tous se réjouissaient à comprendre qui j’étais et pourquoi j’y étais. Les sourires qui m’étaient alors adressés en disaient long sur le besoin des gens à en apprendre davantage sur la neurodivergence. La chronique atypique sera écoutée, j’en suis certaine!

Mais pour qu’elle le soit, il faudra que je me repose un peu. C’est le cœur en liesse que je termine ce texte. La vie est définitivement très belle, masquage ou pas !