L’autisme, la robe et la télé

Par Josée Durocher

Je mène une vie plutôt tranquille… habituellement.  Je suis souvent assise face à mon écran et à mon clavier pour rédiger des livres ou des billets sur mon blogue.  Mais, depuis que je me sais autiste et que je ne recule pas quand vient le moment de l’afficher, je me fais remarquer plus qu’à l’accoutumée…

C’est ainsi qu’après une entrevue accordée au journal hebdomadaire de ma région et trois entrevues radiophoniques, j’ai été invitée à l’émission Studio Direct sur les ondes de MAtv par l’animatrice Marie-Andrée Leblond pour une présence live en studio.

Pour ceux qui sont également autistes, nul besoin de vous dire ici toute l’anxiété qui m’habitait.  C’était ma première expérience du genre et croyez-moi quand je le dis :  ça m’a rentrée dedans, ça m’a mise à l’envers sans bon sang!

C’est mon fils qui m’accompagnait pour cette entrevue.  Oui, il m’arrive souvent d’avoir besoin d’un accompagnateur lorsque je visite un endroit pour la première fois et qu’il s’y trouve des gens qui me sont inconnus. 

Mon fils, aussi Asperger que je le suis, s’est fait bon joueur en m’accompagnant et je le remercie d’être aussi généreux de sa personne.

Néanmoins, j’étais anxieuse, très!  J’avais chaud, j’avais mal partout, j’étais étourdie et parce que je ne voulais pas avoir l’air d’une écervelée, je focalisais toute mon énergie à écouter, cesser de trembler, sourire, ne pas m’enfarger dans mes mots, regarder l’animatrice dans les yeux tout en lui répondant du mieux que je le pouvais.

Le moment fatidique a bien fini par passer… il était temps!  Je marchais d’un pas rapide vers la sortie de l’immeuble de la station quand une gentille personne m’a arrêtée dans la salle d’attente pendant que je la traversais à fière allure pour trouver la porte.

Elle m’a inondée de gentils compliments tous aussi sympathiques les uns que les autres et je me suis dit :  « Bon, je dois tout de même avoir été pas trop mal.  Bravo! »

Ensuite, retour à la maison.  Là, j’ai partagé sur les médias sociaux the entrevue que j’avais accordée pendant que j’essayais, encore, de me calmer.  Bien oui, je tremblais encore et j’avais mal partout! 

Dans mon esprit, je revoyais la luminosité très brillante du studio, je me remémorais la nette envie que j’avais de me faire la malle (rires) et je sentais encore mon cœur battre la chamade sous cette robe que j’ai regretté avoir portée lorsque je m’en suis vue vêtue à la télé!

L’entrevue aura duré six minutes et aura été tournée à 5 h mais je vous jure qu’à 23 h mes nerfs étaient encore revirés à l’envers!  J’aurais bien voulu aller me coucher en position fœtale dans mon lit sous une lourde couverture mais la nausée qui me prenait le cœur en otage m’en empêchait.

Pourquoi, me direz-vous, as-tu accepté de passer à la télé si ça te met dans un état pareil?  Parce que chaque fois que je fais une nouvelle chose, que je tente une nouvelle expérience, je suis toujours convaincue que je m’en sortirai mieux que la dernière fois et que je saurai gérer!

Si vous voulez tout savoir, c’est aussi bien comme ça!  Parce que, sinon, je ne pourrais être si fière de moi, maintenant que c’est chose faite.  Je ne serais pas en mesure de partager à tous les actions que je pose humblement pour la cause de l’autisme.

Et, d’un point de vue personnel, je n’aurais qu’une vague idée de comment cette robe fleurie me va… là je sais :  elle ne me va pas du tout (rires)!

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