Le pouvoir de la résilience

Par Josée Durocher

Aujourd’hui, j’ai eu la très agréable surprise de recevoir le témoignage d’Élise qui porte sur la résilience et je me suis délectée de ses écrits. S’il est vrai que pour tout le monde la crise sanitaire actuelle est synonyme d’efforts soutenus et d’adaptation, c’est également vrai (et peut-être même davantage) pour les personnes autistes.

Vous constaterez toute la force intérieure d’Élise et sa capacité à rebondir dans l’épreuve en lisant ce qui suit.

« Nous vivons en ce moment un traumatisme qui blesse inconsciemment tout un chacun. Une ennemie invisible attaque tout le monde de façon réelle et non réelle. L’enfermement est notre traumatisme.

Personne ne l’avait vu venir ! Même les personnes les plus douées socialement ont été atteintes. Pour tous, le mot résilience doit faire maintenant partie de nous. Nous, personnes autistes, encore d’avantage! »

Tout commence ici

Comme elle a raison! La COVID-19 n’a pas de préférence. Elle peut s’attaquer à tout le monde. Élise poursuit en me disant ceci :

« Un beau jeudi, pleine d’entrain, je suis entrée sous la douche. Je me suis blessée à la hanche. Un bleu de 10 cm de longueur et de 5 cm de largeur! J’ai décidé d’appeler ma responsable pour lui dire que je ne pouvais pas aller à mon stage cette journée-là.

Elle m’a alors annoncé la fameuse pause imposée par le gouvernement. Au début, je me suis dit, « je ferai comme si j’étais en congé ». Mais, j’ai senti après deux semaines de maladie (grippe) que cela n’allait pas aller. »

Tout un bouleversement!

Élise avait perdu ses repères et ne savait pas comment les retrouver avant longtemps. Son moral à la baisse se faisait de plus en plus sentir.

« Mon travail me manquait, et il me manque toujours. Je suis devenue amoureuse des archives. Ma routine me manquait. Mon humeur a dégringolé, tellement que j’avais l’impression d’être coincée dans un abîme où personne ne me trouverait pour en sortir.

J’avais des idées paranoïaques (symptôme de mon trouble de personnalité limite), et mon monde était en morceaux en raison du TSA qui m’exige une routine.

Pour moi, rien n’allait bien dans ma vie. Je me disais que je n’avais pas de pouvoir et je me sentais démunie par rapport à cela. J’ai même passé deux jours à l’hôpital pour me permettre de reprendre mes esprits. »

Donc, rien de facile pour celle qui adore communiquer, faire des créations en couture et qui, normalement, se tient très occupée.

Un revirement de situation

« Après ce séjour, je me suis dit inconsciemment « pourquoi je ne ferais pas des vidéos sur YouTube ». J’ai commencé à en faire avec une aisance naturelle et j’ai commencé à comprendre que je pouvais avoir du pouvoir sur quelque chose.

Je pouvais aider les gens à travers des vidéos et les éduquer. Bref, j’ai rebondi de mon abîme. Maintenant, je comprends toute la souffrance que le confinement peut engendrer. Je l’ai vécue. »

Élise s’est rendu compte qu’il lui était possible de reprendre tout le pouvoir qu’elle laissait à cette situation pour le moins envahissante. C’est en venant en aide aux autres, notamment par le biais de ses capsules vidéo sur YouTube, qu’elle applique toute cette puissance sous forme de bienveillance.

Ce qu’elle a appris

Elle tire toutefois de grands enseignements de la crise qui nous bouscule et transforme nos vies présentement : « Par contre, cette crise nous apporte de grandes leçons pour tout humain sur la terre. La résilience doit faire partie de nous, comme pour les hommes des cavernes qui persévéraient jusqu’à attraper leur proie.

La résilience nous permet d’avancer, en particulier quand nous sommes une personne autiste. Nous devons apprendre à utiliser la résilience pour nous en sortir, pour lutter contre l’ennemi silencieux.

Pour moi, la résilience me permet d’apprendre de mes erreurs ou des problèmes que je rencontre pour adapter les solutions à ma structure autistique. Dans un sens, maintenant, j’essaie de me motiver, de me donner des objectifs réalisables comme si j’avais encore ma routine, mais elle est maintenant une nouvelle routine qui respecte mes contraintes.

De plus, je continue à vouloir aider d’une certaine manière avec ma chaîne YouTube. Si une seule personne sent que je l’aide pour vivre les épreuves difficiles de la vie, je serai la fille la plus heureuse du monde. »

Des décisions importantes

Mais, pour mener à bien tous ces nouveaux projets, Élise a pris les décisions qui s’imposaient tout naturellement…

« Pour cela, j’ai décidé de prendre soin de moi pendant les prochaines semaines qui restent au confinement. Même si j’aimerais retourner travailler dans les archives, coudre ma robe de princesse, écrire et réaliser de nouvelles capsules vidéo seront des exemples de chose qui me feront avoir du plaisir tout en prenant soin de moi.

Prenez soin de vous! On nous dit : « ça va bien aller! » et c’est vrai! Tous les humains (y compris nous personnes autistes) nous pouvons utiliser le pouvoir de la résilience pour nous en sortir et grandir. »

Je remercie cette jeune femme qui manie force et intelligence avec brio. Elle est aussi immensément créative et ingénieuse, et elle a toute mon admiration de s’impliquer ainsi dans un élan vers les autres.

Si vous avez le cœur plein de peurs, de tristesse ou si vous découvrez de nouveaux plaisirs dans cette ère de confinement, n’hésitez pas à écrire au service Mot à Mot de Mot d’Autiste en cliquant ici.

Chaque texte est lu dans son entièreté. Si votre texte est choisi pour une publication, vous en serez avisé bien rapidement.

Je vous encourage à poser vos mots (ou vos maux) afin que plusieurs autres personnes puissent en bénéficier, se sentir reconnues dans ce qu’elles vivent ou s’inspirer de vos écrits.