L’enseignement au temps de la COVID-19
Par Josée Durocher
Pas plus tard qu’hier, c’est un enseignant du primaire qui m’écrivait au sujet du retour annoncé en classes prochainement. Ce n’est pas une personne autiste, mais il travaille au sein d’une équipe qui enseigne à de jeunes autistes et à certains jeunes qui éprouvent des troubles de comportement.
J’aime les enseignants! Je les ai toujours aimés. D’ailleurs, j’étais très impliquée dans la vie scolaire de mes enfants du temps de leur primaire… Et, force m’est de constater que je suis encore plus de tout cœur avec eux et ce qu’ils s’apprêtent à vivre.
Je ne sais pas si j’aurais le courage, moi, de retrouver ma classe dans les circonstances actuelles. Mais à lire le témoignage de S, je pense que je me garderais une petite « retenue » par manque de courage. On ne se le cachera pas, c’est stressant tout ça…
Quand l’éducation fait place à l’improvisation
« Ça sent l’improvisation! Pourtant le ministre Roberge est un ex-enseignant et il sait, en principe, ce qu’est la grandeur des classes. Il n’y aura pas beaucoup de classes au Québec qui pourront contenir 15 élèves.
Partout, il y a le deux mètres de distance à respecter entre les gens et le port du masque facial et des gants. Nous, les enseignants, miraculeusement, nous n’avons pas besoin de tout cela! Il n’y aura pas de Plexiglas installé à notre poste de travail, donc aucune protection entre nous et l’élève qui viendra à notre bureau. Physiquement, je crois qu’il nous sera difficile d’éviter la propagation. »
Outre tout cela, S me parle aussi des aspects transitionnels dans l’école elle-même. Les pauses, les allers-retours aux toilettes, les dîners… tout cela sera un ballet assez complexe. Il faudra instaurer des horaires, mais ce sera chose plutôt ardue puisqu’il n’y a que quatre périodes à une journée.
Du côté du transport, d’autres problèmes se posent. La logique veut que les compagnies installent peut-être des Plexiglas pour protéger les chauffeurs, mais c’est une véritable course contre la montre qui se joue actuellement sans compter des frais considérables à ces mêmes compagnies de transport scolaire.
La question que beaucoup se posent…
« Sommes-nous des cobayes? Il y a ceux qui ont des problèmes de santé… et sans juger les parents, certains d’entre eux enverront leurs enfants à l’école parce qu’ils en ont par-dessus le chapeau. On voit aussi les cas de plus jeunes qui sont très malades de la COVID-19 ou qui en meurent. Ça fait réellement peur!
Je regrette, mais nous ne sommes pas prêts. J’irai à contrecœur. Si l’on me demande si je m’ennuie de mes élèves, oui, mais dans un contexte comme celui-ci où on a l’impression de jouer à la roulette russe, non!
Les élèves autistes
Et l’anxiété chez les élèves autistes peut prendre des proportions importantes. J’ai confiance en mon talent pour gérer mes élèves. Mais il existe certaines dynamiques de classes où ce ne doit pas être évident. Et il y a les élèves autistes non verbaux aussi, dont l’expression de l’anxiété se passe différemment!
Oui, il serait sain pour tous de retrouver une forme de routine! Mais énormément de questions demeurent en suspens et peu de réponses nous sont données. J’ai une déception face au ministère de l’Éducation qui ne consulte pas les syndicats ni les directions d’école…
Les profs et les syndicats n’ont pas de détails vraiment. C’est désolant! Vive le télétravail en ces temps de confinement… Le confinement est peut-être la bonne solution encore actuellement. Et puisque nous sommes dans un contexte d’inquiétudes par-dessus inquiétudes, je ne souhaite pas être un de ceux qui paieront pour cette expérimentation! »
À la lecture de ce message, je ne peux faire autrement que d’avoir une pensée pour nos enfants et nos enseignants. Comme expliqué plus haut, je ne serais pas courageuse dans les circonstances.
Je souhaite le meilleur à tous, vraiment! À S qui m’a écrit toutes ses inquiétudes, aux enfants et aux parents aussi. Nous sommes dans une ère d’incertitudes à l’état pur. J’espère que je recevrai d’autres commentaires. Et, secrètement, j’espère aussi que j’en recevrai où l’horreur fera place à la beauté… sous toutes ses formes.
Merci à S pour son témoignage! Si vous avez, vous aussi, l’envie ou le besoin de témoigner de votre réalité actuelle, n’hésitez pas à m’écrire en cliquant ici. Ce sera un plaisir de vous lire et de commenter, et aussi de voir avec vous si une publication est possible.