Les personnes rebâties Partie II

Par Josée Durocher

J’en ai vécu des choses dans ma vie et j’ai détesté des personnes aussi. Mais je me suis bien vite rendu compte qu’à détester les autres ainsi, c’est à moi que je destinais le poison de la haine… Je ne suis plus la même personne qu’hier.

Dans mon plus récent texte ici intitulé Les personnes rebâties, je fais mention d’une phrase entendue lors de la diffusion d’un spectacle d’humour sur Netflix : « Il n’y a rien de plus fort qu’une femme rebâtie! » (En traduction libre, il va sans dire).

J’ai été agréablement surprise de voir mon texte être partagé plusieurs fois mais malheureusement peinée de constater que certaines personnes confondent les termes force et haine bien naturellement. Parce que bien naturellement, ces deux termes sont complètement différents…

Éprouver de la haine et vouloir se venger des gens qui nous ont blessés est une chose humaine, je le crois bien sincèrement. Mais ça ne doit faire qu’un temps… le temps que notre blessure d’injustice se referme pour guérir. Il faut prendre soin de cette blessure pour qu’elle guérisse.

Éprouver de la haine toute une vie durant ou toute la vie restante équivaut à empêcher notre blessure de guérir. Ne pas s’autoriser la guérison est une forme de haine envers nous-mêmes. Alors à quoi bon détester les autres, même s’ils nous ont fait du mal?

Attention! Je suis comme tout le monde et j’ai des sentiments très humains aussi. N’empêche que je sais par expérience que blâmer ou haïr autrui ne m’apportera rien de bon si ce n’est que de me faire du mal à moi-même. Aimer détester l’autre, c’est ne pas s’accorder la paix, donc suffisamment d’amour de soi pour enfin guérir.

Être fort, c’est de savoir faire la différence, je pense. Être fort, c’est accepter le passé tel que nous l’avons vécu, accepter qu’on nous ait blessé sans qu’on ne l’ait voulu. Être fort, c’est s’abandonner à la reconstruction de notre cœur en mille morceaux, panser les plaies de notre corps souffrant et s’aligner l’esprit dans un élan de bonté envers soi-même.

Parce qu’à ne pas se diriger vers la guérison de tout ce que nous sommes, c’est se diriger vers sa destruction pure et simple. C’est pourquoi je ne crois pas à la vengeance et si j’ai déjà eu cet esprit vengeur, j’ai réalisé depuis que je ne faisais que resasser tout ce qui pouvait me faire souffrir chaque fois que j’avais ce genre de fantasmes.

« Il n’y a rien de plus fort qu’une personne rebâtie! », c’est affirmer que l’autre n’a plus aucun pouvoir sur nous. C’est se prouver à soi-même qu’on peut très bien exister (exister pour vrai) sans la culture de la souffrance en nous.

Je ne dis pas que tout cela est facile. C’est un processus qui demande souvent temps et patience. Mais l’objectif d’être assurément bien s’atteint un jour et là, oui là, on se sent vraiment très fort. On se sent fort sans rêvasser de justifier une colère et une haine qui nous habitent depuis trop longtemps.

Et je ne vous parle même pas de pardon. Je ne parle que de cesser la haine et vengeance, une vengeance qui, dans le fond, ne nous apportera rien de bon. On finira bien par s’en rendre compte un jour.

Je vous parle d’être bien. De bien dormir, de bien respirer, de bien vivre… d’être bien, quoi! Moi, j’ai fait ce choix, un jour, en me rendant compte que j’allais mourir de ce poison que sont la haine et le désir de vengeance, tout simplement parce qu’ils m’habitaient.

Vouloir faire du mal aux autres ou même leur en souhaiter est-il vraiment légitime quand on décrie justement tout le mal qu’on nous a fait?

Alors, qu’est-ce que je souhaite maintenant aux gens qui m’ont blessée? Un grand éclat de conscience! Ce sera à eux à vivre avec les conséquences de leurs actes puisque, moi, je vis déjà avec les conséquences de ma très grande force.

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