Pourquoi suis-je si fière d’être autiste?

Par Josée Durocher

Toute ma vie, avant de recevoir le diagnostic d’autiste , j’étais peu fière de moi. J’ai cru et acheté les étiquettes nombreuses qu’on m’apposait au front, étant convaincue que j’étais trop ceci ou pas assez cela. J’avais du mal à comprendre tous mes comportements ou à saisir pourquoi ma logique à moi était si différente de la logique populaire.

Et même si je me voyais à part des autres et que je faisais tout pour m’adapter à eux, je détonnais toujours dans un groupe et, dans les faits, j’étais toujours à part des autres.

Certains y voyaient là un grand besoin d’attention ou encore des intentions méchantes. D’autres me considéraient très snob car, selon eux, je ne faisais aucun effort d’adaptation. Alors, ils décidaient que je croyais que les autres n’en valaient pas la peine.

Mon monde intérieur était peuplé de complexes émanant directement de tout ce qu’on pouvait me faire comme commentaires désastreux et de tout ce que je pensais de ma personne. J’étais constamment en dépression, me butant sans cesse à des murs qui semblaient érigés entre les autres et moi et dont je ne comprenais pas la provenance.

J’ai eu tôt fait de me faire dire que je n’étais pas authentique. Moi, je me sentais mal aimée. J’essayais si fort – je vous jure que j’essayais – d’être « normale » jusqu’au jour où j’ai compris qu’il n’était pas question de normalité pas plus que de mauvaise volonté.

On me disait, encore hier, que je devais m’aimer pour que les autres m’aiment aussi. Que je devais accepter mes différences car tout le monde est unique de toute manière et que je devais les assumer lorsque je me retrouvais en groupe.

La vérité est que je manquais de mots. J’avais un vocabulaire très restreint concernant ma personne car je ne trouvais pas de termes me définissant vraiment.

Depuis que j’ai reçu le diagnostic d’autiste, tel un raz-de-marée linguistique, un nouveau vocabulaire a déferlé sur ma vie. Est-ce que je me sers fréquemment de ces nouveaux mots? Pas nécessairement, non. Ils me servent à moi pour mieux me comprendre.

Toutefois, il y a un mot dont je me suis imprégnée depuis ce fameux diagnostic. Il s’agit du mot FIERTÉ. J’ai enfin compris que j’avais tout pour être fière de moi. Toutes mes différences et mes limitations s’expliquant maintenant plus facilement, j’ai constaté que, même si la vie ne m’avait pas toujours gâtée, je peux être fière de moi.

Je dirais même plus… le mot FIERTÉ, la FIERTÉ s’est imposée d’elle-même dans ma vie et c’est tout à fait enivrant. Savoir que je suis autiste Asperger n’est pas venu me déstabiliser mais plutôt me solidifier. Savoir enfin que je ne suis pas un ramassis d’étiquettes de toutes sortes que d’autres m’avaient attribuées ou que j’avais adoptées fait place à toute la fierté dont je puisse faire preuve à mon égard.

Je suis fière d’être la personne que je suis. Je suis fière de me comprendre enfin et de me rendre compte qu’il n’y a rien de dramatique à ce que je suis. Je suis fière de savoir que mes limitations sont des défis que je saurai relever un jour et je suis fière de voir mes différences comme des trésors inestimables de richesses que je peux apporter aux autres et dont je peux jouir aussi.

Bref, la fierté, tout le monde peut y toucher et moi je la vis, au jour le jour, pour tout ce que je suis.

2 commentaires

  1. Annie le 26 août 2019 à 22 h 07 min

    Très beau texte Josée! Comme quoi un diagnostic peut parfois être à la base de l’acceptation de soi… Une belle inspiration à être fière de soi peu importe qui l »on est !



  2. Josée Durocher le 27 août 2019 à 3 h 21 min

    Merci Annie! Oui, pourquoi toujours voir le côté sombre d’une nouvelle quand on peut y déceler de la luminosité? Oui! La fierté est pour tous, peu importe qui nous sommes! Merci pour votre commentaire! Josée



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