Quand mon fils autiste Asperger me console

Par Josée Durocher

 

Habituellement pragmatique, calculé, logique et sensé, Dominik m’a vraiment été d’un très grand réconfort ce soir. Je n’ai pas envie de revenir sur mon gros bobo qui me fait tant souffrir, mais j’ai envie de souligner l’apport de mon fils sans qui j’aurais continué à brailler ma vie et à renifler.

J’ai écrit dernièrement un texte qui s’intitule  Autisme et empathie  et, comme une prémonition, mon fils m’a très gentiment et généreusement offert son empathie dans un moment très sombre de ma soirée.

À la veille de perdre une amitié qui m’est chère parce que la mort avance d’un pas trop décidé à mon goût, j’ai craqué. J’ai craqué pour cela et pour tout ce que j’ai accumulé depuis quelques années et dont je ne me suis pas occupée.

Tristesse, colère, peine et désespoir m’ont happée comme le vent frappe une brindille d’herbe un jour de grande tempête. Peut-être allez-vous me trouver naïve, mais je n’ai pas vu venir tout ça s’abattre sur moi et je me suis effondrée en larmes tant et si bien que j’en hoquetais.

Je ne trouve pas toujours facile d’être fille, femme, mère et amie. Ces rôles qui m’ont été attribués à la naissance ou que j’ai choisi de camper ne me permettent pas souvent de souffler. Parce que c’est une chose d’être tout ça, c’en est une autre d’être bien et de bien faire tout ça !

Je m’étais éloignée dans une autre pièce, mais Dominik m’a surprise en pleine crise de larmes et, disons-le, d’apitoiement. La Drama Queen en moi prenait son pied tandis que ma résilience en prenait pour son rhume.

Je ne voyais vraiment pas comment j’allais rebondir cette fois quand il est venu près de moi pour m’encourager à pleurer, car il devinait très bien tout ce qui pouvait me faire souffrir. Et c’est arrivé ! 

Il m’a parlé honnêtement, mais tendrement, comprenant toute ma peine et mon désarroi. Me donnant des exemples où il avait lui-même souffert et en m’expliquant tous les trucs qui lui avaient alors été utiles.

Je le regardais avec fierté. C’est fou, se dit-on, lorsqu’on est au plus bas, qu’on ait pu faire des enfants aussi beaux, sensibles et vrais.

Dominik a trouvé les mots justes et très sages qui m’ont aidée à déstabiliser la Drama Queen en moi pour la voir rapetisser à chaque parole qu’il prononçait. « Si tu prends tous tes problèmes d’un coup, c’est sûr, tu auras plus de difficultés à t’en sortir. Pleure-les un à la fois et tout ce qui doit sortir sortira. Tu verras, ce n’est pas si pire… »

Et il avait bien raison ! Oui, bon, je ne dirais certainement pas qu’il avait tort puisque c’est souvent là le genre de conseils que je lui prodigue (rires).

Mais la vérité est qu’il m’a dit tout ça avec ses propres mots, de son propre élan. Et au bout du compte, parce que c’est lui et qu’il sait tout le bien que cela peut me faire, il m’a fait un câlin bien senti.

Il y a des gens qui voient l’autisme comme un handicape chez-lui. Moi, je n’y vois qu’une autre forme de pensée un peu « robotique », mais ce soir, c’est moi qui étais handicapée émotionnellement et c’est lui qui m’est venu en aide.

Elle est ainsi notre relation. L’amour circule et ce n’est certes pas à sens unique. Mon fils est peut-être autiste, mais il a le cœur le plus grand que je connaisse. Passer par-dessus ses difficultés avec le toucher et sacrifier son bien-être pour me faire un câlin… ou encore, me tenir compagnie pendant des heures à me consoler, me changer les idées et arriver à me faire rigoler, il n’y a que lui pour faire ça !

Vous savez quoi ? Je vais bien et je me sais privilégiée d’avoir un fils comme lui… tel qu’il est. C’est si rare de nos jours que les gens cessent de jouer avec la mousse qu’ils ont dans le nombril pour prendre du temps et l’investir à faire sourire l’autre…

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