Trouver sa paix intérieure

Par Josée Durocher

Lou m’écrit. Elle est Aspie de ses propres dires et me parle de la paix intérieure tant recherchée. Lou m’a envoyé un très long témoignage qui était, ma foi, des plus intéressants. Mais pour les besoins de la cause, des coupures ont dû être faites dans ses écrits tout en respectant son propos.

Je trouvais intéressante l’idée qu’elle a eue de me parler de sa condition de femme et d’Asperger, mais également de sa vie professionnelle. Nous sommes tellement à vivre des situations du même type que je suis certaine que ses mots toucheront beaucoup de personnes qui les liront.

Un peu d’histoire

« … Lorsque je suis engagée, une fois à l’emploi, si je me mets à douter de moi, je deviens alors misérable et je panique. Tous mes canaux se bloquent et je ne peux plus absorber aucune information supplémentaire. Je deviens saturée et j’ai juste envie de pleurer. Je me sens jugée, et ça me rend vraiment inconfortable. J’ai l’impression que tout s’écroule autour de moi et que je ne serai jamais fonctionnelle.

Ce qui semble si simple pour les autres est pour moi un immense effort d’adaptation. J’essaie de contrôler les sources d’irritation et d’inconfort, mais plus je porte mon attention sur ça et plus je panique, car il y en a trop », m’explique Lou.

Toutefois, elle se rappelle : « Les seules fois où j’étais bien dans un emploi, c’est lorsque je voyais ça comme un jeu, que je ne me prenais pas au sérieux et que je voyais ça comme un prétexte pour sourire, rendre service et rayonner ma joie de vivre. »

La vie professionnelle est souvent source de stress, et on sous-estime la portée de ce surmenage mental… « Actuellement, l’emploi que j’occupe m’apporte un très gros défi. Je songe même parfois à donner ma démission, lorsque je me sens trop malheureuse.

Pourtant, au moment d’être engagée, je me sentais en confiance avec l’attitude bienveillante du chef de service.

Le fameux sentiment d’être « trop »

Ma patronne est une personne très exigeante et contrôlante, exactement comme mon père l’était. Lorsque j’étais enfant, je me sentais constamment terrifiée à l’idée qu’il allait être contrarié. Je marchais constamment sur des œufs, pour ne pas risquer d’être victime de sa colère pour des choses que j’aurais dû anticiper…

J’ai donc grandi avec le sentiment d’être de trop. Que je n’avais pas le droit d’être moi. Et, le seul moment où je me permettais d’être moi, c’est lorsque je sortais et que je prenais de l’alcool. Ça excusait alors un comportement où je pouvais me permettre d’être différente.

J’ai commencé un premier travail sur moi à l’âge de 17 ans, en faisant ma première diète pour perdre du poids. J’étais tellement fière de moi, mais ça n’a pas duré longtemps, car le garçon qui m’attirait a abusé de moi alors que je n’étais pas encore ouverte à un premier contact intime. Je n’avais personne à qui me confier de ce qui m’était arrivé.

J’ai compulsé dans la nourriture pendant des années, et j’ai enchaîné diète après diète. Mais, un jour, alors que j’avais 27 ans, j’ai pris conscience de mon impuissance concernant la compulsion alimentaire et j’ai demandé à ma puissance supérieure de m’en délivrer.

C’est là que le besoin de découvrir la vie avec des yeux neufs s’est fait ressentir. J’avais envie de me permettre d’être spontanée au lieu d’être selon les attentes des autres. »

Mais comment Lou s’y est-elle prise pour être davantage en paix avec elle-même? Je vous laisse le découvrir ici : « Je prenais du temps à mon réveil pour observer ce qui était présent en moi. Lorsque je vivais un inconfort, je demandais à être guidée. 

Ainsi, de belles prises de conscience arrivaient pendant la journée, et je me sentais heureuse de me sentir accompagnée de cet amour infini.

J’ai perdu cette belle connexion à moi-même et à la vie lorsque j’ai rencontré l’homme qui est devenu le père de mes enfants.

Ce dernier se plaignait que les circonstances qui arrivaient constamment dans sa vie l’empêchaient de se sentir bien. Il disait que tout semblait facile pour moi. J’ai donc fait l’erreur de vouloir l’aider à appliquer ma philosophie de vie.

Mais, j’ai commencé moi aussi à remarquer le négatif plutôt que le positif. Nous étions deux épaves qui se racontaient leur journée, pour savoir qui était la plus grande victime. J’ai sombré dans une dépression majeure, et nous nous sommes séparés.

L’année suivante, j’ai eu un accident de voiture et je me suis fracturé une vertèbre. Après ma convalescence, je suis retournée au travail et par la suite, j’ai dû m’absenter à nouveau pour une grippe.

J’ai pu remarquer que mon attitude fait toujours une différence. Si je doute de moi ou si je choisis de rayonner de toute ma luminosité.

Accepter l’Aspie en nous

Je ne savais pas que j’étais Asperger, et ce fut libérateur et à la fois perturbant de le découvrir il y a trois ans. J’ai enfin compris mes difficultés d’apprentissage et mes nombreux congédiements.

J’ai appris à mieux me gérer en m’observant dans le non-jugement. À être douce et bienveillante envers moi. Car, c’est lorsque je m’aime assez pour me traiter en douceur et respecter mon rythme que je rayonne.

Si je mets l’accent sur les attentes des autres, c’est là que je me perds et que ma paix intérieure prend le bord. D’avoir connu cette paix intérieure fait en sorte que toute perte de connexion avec moi-même devient une souffrance insupportable.

Mon rythme est beaucoup plus lent que les autres, mais j’ai confiance que la vie va me supporter dans tout ce que je vais entreprendre, si je reste connectée à ma paix intérieure.

Actuellement, avec la nouvelle réalité de télétravail, avec ma patronne, c’est très stressant. Mais c’est également une occasion additionnelle que j’ai de m’observer et de guérir les blessures résiduelles de mon passé. »

En conclusion…

Je ne peux que remercier Lou de son partage qui est à la fois touchant et concret. Touchant, car il sait nous joindre en bien des points et concret puisque Lou nous explique la meilleure des manières pour être enfin bien, c’est-à-dire, être dans l’ouverture et l’amour de soi.

Si vous aussi avez besoin ou ressentez l’envie de témoigner, faites comme Lou et écrivez-moi en cliquant ici. Le texte que vous me ferez parvenir sera optimisé pour le Web dans le respect de vos écrits. Vous toucherez et vous inspirerez d’autres à prendre action dans leur vie à leur tour.