Tu paniques un peu, beaucoup, passionnément?

Par Josée Durocher

J’ai peur. Bon, cela aura été dit. Dire qu’une si petite chose fait tant de ravages… tant de victimes! C’est enrageant, c’est effrayant, c’est désarçonnant… c’est paniquant. La vérité vraie : ceux qui ne paniquent pas en ce temps de pandémie sont rares.

Cela fait une semaine que je n’ai rien écrit. Dire que j’ai ce nouveau blogue et rien! Prise d’abord d’allergies, ensuite d’une sinusite qui dégénère, je me traite comme je peux avec pompes nasales et antihistaminiques. J’ai peur que cela dégénère et que je doive consulter… pire, me rendre à l’hôpital parce que tout aura empiré!

La panique

Tu paniques un peu, beaucoup, passionnément? Tu n’es pas seul. On est des millions à paniquer, en silence, car tout le monde vit la même chose hein? On ne fait pas trop de vague dans nos cuisines et nos salons quand on parle à la parenté ou aux amis sur Skype, Zoom et compagnie!

Mais la vérité toute crue, c’est qu’on ravale la peur qui monte du ventre pour ne pas la nommer. « Ça va bien aller » que tout le monde nous dit. En fait, partout on nous martèle ce message. On veut bien y croire… on aimerait tant y croire.

Mais voilà! Que se passera-t-il ensuite? Comment nous porterons-nous en tant que société? Quand quelqu’un toussotera, lui demanderons-nous de nous rendre des comptes, de nous prouver sa bonne foi lorsqu’il parlera de sa crise d’asthme?

Aider à la mesure de mes capacités

Actuellement, j’aimerais bien aider et je ne peux faire grand-chose. Le fait est que je suis une personne à risque et que je n’ai vraiment pas envie d’attraper la COVID-19. J’ai des problèmes de santé qui me rendent très faible devant ce coronavirus et je n’ai jamais aimé jouer avec le feu!

Tout ce que je peux faire, ce n’est même pas de rassurer mes proches, non. C’est leur dire que je comprends leurs peurs qu’elles soient fondées ou pas. Je peux les écouter, les comprendre et faire en sorte qu’ils se sentent un peu mieux après s’être confiés à moi. Mais je ne peux faire mieux.

Le gouvernement

Chaque jour ces temps-ci, il y a les deux paliers de gouvernements qui s’adressent à moi. Je les écoute assidûment et avec attention. Ce sont ces gens qui sont en charge et qui décident de tout en ces temps de crise sanitaire.

Il y a les médecins qui regardent l’objectif et qui s’expriment sur la bestiole en question. Ces gens-là, même s’ils se voulaient rassurants m’ont, même si ce n’était pas intentionnel, mis la peur au ventre. Ces gens-là maintenant me parlent d’un retour à la normale pour bientôt.

Hey! Moi j’ai encore peur! Je baigne dans la peur… je suis la peur. Un jour, vous me dites que de porter un masque serait sûrement une bonne chose et le lendemain, vous me parlez d’un commencement de retour à la normale?

De grands changements

Et si la normalité était appelée à changer? Et si l’on s’inspirait de moi et des autres autistes? Plutôt que de nous juger comme beaucoup le font, pourquoi ne pas voir ce que vous considérez comme des problèmes de rapprochements sociaux comme une bonne solution à tout ce que nous vivons?

Bah, je rêve tout haut! Je sais bien… reste que…

Mais quand j’entends un ami me raconter que lorsqu’il est allé à la pharmacie pour acheter des biens essentiels il s’est fait bousculer par un autre client, bien, je me dis que si tout le monde agissait comme les autistes, ce genre de choses n’arriveraient pas!

Tu paniques toi aussi? Un peu, beaucoup, passionnément? Votons pour la distanciation sociale prolongée et le confinement étiré dans le temps. Je ne sais pas pour toi, mais moi, si l’on m’annonce un retour à la normale rapidement, je vais sûrement être coupable de désobéissance civile! 

Je ne veux pas sortir de chez moi, je ne veux pas avoir des gens près de moi… je ne veux pas courir de risque inutile.

Enfin, je suis désolée si tu t’attendais à voir passer une licorne entre deux lignes dans ce texte. Fallait que ça sorte et c’est ça qui est sorti!