A-t-on peur du mot « autisme »?

Par Josée Durocher

Comme je le disais lors de ma chronique à la radio la semaine dernière, on s’enfarge dans le monde à longueur de journée… et ce n’est pas sans réaction que nous le faisons !   Ce n’est pas toujours évident de rencontrer des inconnus, de briser la glace en les saluant ou en leur parlant davantage. On ne sait jamais vraiment à qui on a affaire… Et lorsque nous nous présentons, les formulations diffèrent beaucoup d’une personne à une autre.

Un accent de trop?

Ces temps-ci, lorsque je fais de la sensibilisation à l’autisme, je parle souvent de comment on s’appelle, nous, les personnes autistes. Je mets aussi l’accent, bien évidemment, sur comment les autres nous appellent. 

D’après vous, on est des autistes, des personnes autistes, des gens avec des limitations, de super génies des TSA ou des handicapés?

Certains opteront pour l’une ou l’autre de ses appellations, d’autres pour toutes celles-là ! Moi, comme je l’expliquais à une nouvelle connaissance qui est psychothérapeute, je suis comme plusieurs d’entre nous j’apprécie vraiment deux de ces appellations.

Ce que je demande

Je dirais même que je les demande en signe de respect quand on me parle. Je suis une personne autiste… ou une autiste, rien de plus et rien de moins. Je ne suis pas un trouble donc, je n’aime pas être qualifiée de TSA. J’ai des limitations, oui, mais je les transforme toujours en défis. Je ne suis pas un super génie… je ne me considère pas ainsi. Et je ne suis qu’handicapée que lorsque l’environnement dans lequel je suis me handicape, sinon ça va. Et si je me sens handicapée, je veux qu’on dise « personne handicapée » pour ne pas me réduire qu’à mon handicap.

On dirait que les gens ont peur du terme « autiste » comme si le ciel allait nous tomber sur la tête ! Je trouve dommage qu’on ne dise pas les choses telles qu’elles sont. Nommer par leurs noms les choses qui existe vraiment n’a rien de mal. Au contraire, on comprend immédiatement de quoi il est question.

Craindre

Je ne crains pas le mot autiste, pas plus que je ne crains qu’il me soit associé. 

Souvent, on utilise ce terme comme une insulte ou on le lance à la blague… pour taquiner !!! Dans ces moments, je me dis qu’on recule, et de beaucoup, plutôt qu’avancer. C’est méprisant pour nous, les personnes autistes et en plus, ça divise. L’inclusion tant désirée se fait de plus en plus loin parce qu’il y a des gens pour rire et pour répéter ces comportements odieux.

Oui, j’ai bien dit odieux ! À être autiste et se rendre compte qu’on utilise notre condition comme une insulte ou pour « taquiner » quelqu’un, on devient facilement outré. Ça, c’est mon cas comme beaucoup d’autres… mais il arrive, malheureusement, et c’est ce qui est fâchant, que certains autistes se sentent démunis devant tout ça et ont mal plus qu’on peut le penser par tout ce qui est décrit ici.

C’est un droit

C’est à nous d’exiger de nous faire appeler comme nous le souhaitons, car il revient à chaque être humain de se respecter et de se faire respecter… et pour tous ceux qui sont incapables de mettre leurs limites, faire en sorte qu’ils soient aussi respectés.

Depuis que j’ai été confrontée aux insultes et aux blagues de mauvais goût, je ne me gêne pas pour dénoncer. J’ai dû faire une réflexion pour savoir comment je veux être appelée et qualifiée. Il y a des choses qui s’acceptent et d’autres non. 

Je suis

Je suis une personne autiste… je suis autiste. Quand vous vous adressez à moi, si vous sentez qu’il est nécessaire d’ajouter des mots à mon prénom ou à mon nom, svp ne craignez pas le mot autiste…