Autisme : Il n’en fait qu’à sa tête !

Par Josée Durocher

Entendu aujourd’hui : « Il n’en fait qu’à sa tête ! » dans une vidéo familiale tournée lors de l’anniversaire des membres de la famille en parlant d’un jeune garçon de 10 ans… « C’est ça les autistes, hein ?! Ils ne veulent rien savoir des autres ! »

Enfant

J’étais une enfant docile. À vrai dire, j’avais peur des réprimandes ou de la fessée et je « savais » écouter pour éviter tout ça. En revanche, la bataille intérieure que je me menais afin de ne pas parler ou plutôt protester, expliquer mon point de vue et ma logique me faisait terriblement souffrir !

Je suis autiste et différente de tous les autres autistes, comme tous les autres autistes sont différents les uns des autres. 

Plus qu’assez !

Et j’en ai assez d’entendre des absurdités au sujet de l’autisme… des grossièretés. La plupart du temps, les gens parlent au travers de leur chapeau. 

J’ai mal à mon autisme quand on nous met tous dans un même bateau… quand on généralise ! J’ai mal à mon autisme quand on nous appelle TSA, parce que ce n’est pas ainsi qu’on nomme les personnes autistes. On dit autistes ou personnes autistes.

J’ai mal à mon autisme quand on minimise l’invisibilité de mon autisme. J’ai mal à mon autisme, quand on me contredit et qu’on me lance en relevant la tête et en riant que je ne suis pas autiste réellement. J’ai mal, j’ai mal, j’ai mal…

Oui, je peux regarder dans les yeux. Oui, je peux serrer des mains. Oui, je peux m’exprimer au téléphone, à un microphone pour la radio. Oui, j’aime bien les rencontres virtuelles…

Oui, regarder mes interlocuteurs dans les yeux me rend difficile d’être « toute là » lors d’une conversation… la plupart du temps, je regarde en haut des sourcils au beau milieu du front ! Oui, serrer des mains me fait mal et je déteste ça. Oui, je peux m’exprimer au téléphone, mais c’est difficile pour moi. Oui, je peux être chroniqueuse à la radio, mais je ne suis pas seule en studio et j’y suis avec quelqu’un que je connais. Oui, je préfère et de loin les rencontres virtuelles aux rencontres en personne… surtout si je rencontre quelqu’un une première fois !

Oui, oui, oui ! Je suis pleine de contradiction, et c’est ainsi.

Les étiquettes

Et quand j’entends des gens commenter l’autisme de quelqu’un en le rabaissant, en mettant tout sur le dos d’un savoir-vivre « raté », de l’impolitesse ou du fait que la personne n’est pas « élevée » et « gâtée pourrie », bien, ça me fâche.

Y a toujours bien des limites à nous mettre tous ses défauts sur le dos et à nous donner des qualificatifs qui blessent.

Ah oui ! Il y a aussi les gens, quand tu leur dis que tu es une personne autiste, qui te répondent ne pas croire aux « étiquettes ». Les étiquettes c’est souvent ces mêmes personnes qui nous les mettent en nous traitant de snobs, de pas fiables, de méchants, d’effrontées, de chipies et de têtes enflées !

Ces gens ne semblent pas comprendre ce qui nous fait le plus souffrir. Étonnant ? Non, car la plupart d’entre eux s’arrêtent à leurs idées arrêtées sans vouloir apprendre et comprendre. La plupart d’entre eux seront même fâchés contre moi parce que j’écris tout ça… La belle affaire !

Fort heureusement !

Heureusement, une partie de ces gens, si minime soit-elle, acceptera d’être sensibilisée et se questionnera sur sa façon d’interagir avec les autres. Ces gens iront peut-être même jusqu’à nous questionner nous, les personnes autistes et ça, c’est merveilleux !