Autisme : si la tendance se veut à l’intensité

Par Josée Durocher

« Intense ! Elle est intense ! », disait une femme à son ami en parlant de moi… Pourtant, je n’avais rien fait. Du moins, dans mon esprit !  Je n’avais donné qu’une allocution devant environ deux cents personnes et j’y relatais une crise d’épilepsie dont mon fils avait été victime ainsi que ma réaction face à cette crise. L’autisme est intense souvent et, la plupart du temps, les personnes autistes si elles sentent les choses intensément, ne se trouvent pas nécessairement intenses, elles.

 

Pour la plupart d’entre nous, c’est normal, voire légitime, de réagir fortement à des stimuli positifs ou négatifs. C’est tout à fait usuel d’être insurgés devant l’injustice crasse et c’est tout naturel de paniquer devant le danger. 

 

D’un autre côté… il y en a qui sautent de joie à la moindre délicatesse ou attention des autres. Ils sont normalement heureux et très heureux ! Ça déborde !

 

Mais il y en a aussi dont la ligne des émotions ne varie pas vraiment.

 

Tout est OK. Les gens sont comme ils sont et c’est très bien ainsi. Car, dans la neurodiversité, il y a le mot diversité !

 

Mais les gens, en général, se font une idée sur comment agis « normalement » une personne autiste. Ils pensent aussi savoir comment on devrait parler, se vêtir, se coiffer, se tenir, se sentir. Alouette !

 

Pour ma part, eh oui, c’est vrai, je suis intense!  Selon les dires des neurotypiques que je connais. Dans ma vie, on m’a traitée de menteuse, de Drama Queen même ! Et la plupart du temps, on me disait que j’en faisais trop, enfin, plus que le client en demandait !

 

Depuis que j’ai reçu mon diagnostic d’autisme il y a maintenant près de cinq ans, je m’autorise à être qui je suis dans tout ce que je suis. Ne sommes-nous pas à l’air de l’authenticité dont on parle partout ? J’ai donc décidé d’être authentique avec moi et avec… les autres !

 

Ayant porté des masques pour survivre toute ma vie comme le font beaucoup de personnes autistes et, épuisée de le faire, car c’est vraiment épuisant de le faire, j’ai décidé d’être vraie. Alors, advienne que pourra ! 

 

Les premiers mois de cette nouvelle authenticité, on me faisait beaucoup de remarques désobligeantes quant à mon attitude ou mes réactions. J’expliquais alors pourquoi j’étais ainsi et du coup, je faisais aussi beaucoup de sensibilisation à l’autisme.

 

Mais, à un certain moment, je me suis lassée de toujours expliquer mon autisme et souvent aux mêmes personnes. J’ai donc décidé de cesser tout cela et de me contenter de faire comme les autres… être moi sans justification !

 

L’autisme et la tendance à l’intensité ne touchent pas toutes les personnes autistes, mais ils existent. Si vous interagissez avec une personne qui vous semble intense, plutôt que de la juger, réjouissez-vous si vous êtes différent. L’intensité, c’est fatigant… moins que le masquage devant les autres en ayant un intérieur tout chamboulé, mais ça épuise son autiste tout de même. 

 

Alors, un peu d’indulgence, d’ouverture d’esprit et de compassion pour tous ! Car ce sont toutes des vertus auxquelles tout le monde, même les gens neurodivergents sont sensibles.