Autiste rebelle et moi

Par Josée Durocher

Que signifie le mot rebelle ? Sous sa forme adjective, sa définition veut dire « qui refuse obéissance ». Suis-je une rebelle dans l’âme ? Je suis bien fière de répondre oui.

Pourtant j’ai tenté d’entrer dans le fameux moule que la société voulait m’imposer et je me suis écorchée vive à trop vouloir pousser pour y entrer. Force m’est d’admettre que je suis extrêmement rebelle aujourd’hui et cela me plaît énormément !

J’aime les choses différentes. Elles m’ont toujours attirée. Même mon corps, dans toute son unicité, est rebelle car il n’obéit à aucun régime (rires) ! Mes cheveux le sont aussi… cette tignasse bouclée avec mèches d’un blond cuivré (nouveau look) vient mettre au défi toutes ces coiffures blondes cendrées et raidies au fer plat. Vous devriez me voir au matin quand je m’éveille! Je n’ai même pas l’air plus décoiffé qu’à l’habitude puisque j’ai toujours l’air décoiffé de toute manière.

Il y a un petit chat qui habite chez-moi. Il n’aime pas les câlins ni les embrassades que j’aimerais lui donner en affection. Il y a mon fils qui habite avec moi. Il est comme le petit chat. J’ai longtemps pensé qu’il était lui aussi très rebelle et je l’ai éduqué du mieux que je le pouvais tout en respectant cet aspect de sa personne.

C’est qu’il n’est pas comme tout le monde, mon fils ! Il pense différemment, agit différemment et il ne suit pas les dernières modes en matière de musique, de films ou de vêtements.

Il a souvent été mis de côté pour tout ça et moi, je l’encourageais en lui disant qu’un jour, s’il tenait bon, il serait respecté et aimé par les autres justement pour tout ça. Oui, il a grandi avec ce discours l’accompagnant, fréquentant écoles et amis — quand il en avait — dans toute son unicité de ce que je croyais être une forme de rébellion.

Est-ce une bonne chose qu’il n’ait pas fréquenté les spécialistes et les prétendus « faiseux » de miracles dans sa jeunesse ? À mon avis et au sien aussi, nous croyons que oui. Car s’il a connu des mésaventures très dramatiques, il a appris chaque leçon qu’il retirait de chacune d’elles.

C’est donc avec beaucoup de recul et d’humour que nous vivons désormais avec son diagnostic d’autiste Asperger. Diagnostic qu’il a reçu à vingt-six ans.

Il m’arrive de me surprendre à l’observer et puisqu’on ne perd pas nos vieilles habitudes immédiatement en apprenant une telle nouvelle, il m’arrive encore de le trouver beau dans toutes ses rébellions et aussi parce que j’y vois là une certaine ressemblance avec moi-même.

Alors, est-ce que nous regrettons toutes ces années vécues sans le fameux diagnostic ? Comment le pourrions-nous ? Nous avons tellement appris à nous surpasser et à nous réinventer ce faisant !

J’écris souvent à son sujet — toujours avec sa permission — et j’étale devant vos yeux notre vécu. Pas par exhibitionnisme, mais bien par souci de faire tomber les préjugés relatifs à l’autisme. La seule étiquette que j’ai osé apposer à mon fils Dominik, un jour, est celle d’être rebelle et je la posais de manière très flatteuse, croyez-moi. Alors, quand on tente aujourd’hui de lui en coller une au front qui veut qu’il soit handicapé, c’est pour moi une très grande offense.

Mais c’est aussi un non-sens. Car dans le fond, rebelle ou autiste, bien engagés dans un moule prédéfini pour toute la vie ou Asperger, ne sommes-nous pas tous un peu handicapés quand on se compare aux autres ?

Je vais aller lire ce texte à Dominik, histoire qu’il l’approuve. Nerveuse, je jouerai probablement avec mes mèches cuivrées en attendant son approbation… ou non. Mais d’une chose ou l’autre, j’ai cette certitude que lui et moi, nous nous ressemblons. 

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