Comme un retour chez-moi

Par Josée Durocher

Janvier 2019. C’était un jour de tempête. Je venais de recevoir mon diagnostic d’autisme. Et si le taxi me ramenant à la maison avait du mal à rouler dans la neige, mon esprit, quant à lui, roulait vite et bien. Je me sentais comme si j’avais eu un mot sur le bout de la langue toute ma vie et qu’on me l’avait soufflé là. Je vivais un très grand soulagement ! Comme un retour chez-moi, comme LE retour chez-moi, je me sentais, pour la première fois de ma vie, tout à fait en sécurité.

 

Être à la maison

Aujourd’hui, je suis à la maison ! Heureuse enfin et sereine le plus possible, j’ai des réponses aux questions que je m’étais posées toute ma vie. Je comprends enfin.

Confiante, je comprenais enfin. Je savais qui j’étais, enfin. Toutes ces fois où je n’avais pas pensé comme les autres, toutes ces fois où je n’avais pas agis ou réagi comme la masse, ce moule trop étroit dans lequel on tentait de m’obliger, tout ça, n’avait fait de moi qu’une personne malheureuse.

 

Avant

Je doutais toujours de moi habituée que j’étais à ce qu’on me remette toujours en question et c’est un réflexe qui a tardé à me quitter. Je me sentais toujours coupable avant ce diagnostic, mais c’est une mauvaise habitude qui m’a quittée aujourd’hui.

 

Maintenant

Une fenêtre s’est ouverte dans mon esprit ce fameux jour de janvier 2019 et elle ne s’est jamais refermée. J’étais différente et j’avais le droit de l’être. Loin d’être une insipide folle, mon intelligence se faisait voir de plusieurs manières. 

Créative plus que tout, j’allais, comme beaucoup d’autres l’ont fait et le font encore, défoncer des plafonds de verre et repousser les limites tout en faisant ce que j’aimais le plus : créer.

Cela m’aura pris quarante-neuf ans pour être heureuse et j’allais chérir ce bonheur comme la prunelle de mes yeux ! Je vivais enfermée par tant de fausses croyances, celles des autres et les miennes, et j’étouffais. 

 

Là où je vis

Je réside désormais dans une magnifique chaumière avec, dans la pièce principale, une très grande fenêtre ouverte sur un monde de possibilités. 

Chaque jour, je me réjouis de faire ce que j’aime et je vis. Oui, je vis. Je suis habitée d’une immense gratitude d’avoir enfin trouvé qui je suis. Je suis une personne autiste. J’ai le droit d’être et je le prends.

Et à tous ceux qui ne veulent pas comprendre qui je suis exactement je ne nourris qu’une pensée à leur égard… celle qu’ils quittent un jour leur prison de préjugés pour vivre dans une maison comme la mienne.