Guylaine Guay m’a dit…

Par Josée Durocher

C’est au cours d’une matinée plutôt grise que Guylaine Guay a ensoleillé ma journée. Discuter avec elle m’a fait le plus grand bien. Il faut dire que la belle Guylaine a une philosophie de vie qui mérite d’être entendue. Des drames, tout le monde en connaît, mais peu savent les « détricoter » comme elle. Guylaine Guay m’a dit…

Belle et grosse

J’ai commencé l’entrevue en lui mentionnant qu’elle est une des rares femmes que je connais qui se dit grosse avec amour et sans se déprécier. Vraiment ! La dédramatisation et l’autodérision m’attirent et j’ai voulu en savoir davantage sur le sujet.

« Cela fait partie de mon modus operandi dans toutes les sphères de ma vie. Tu sais, toute la vie on m’a traitée de grosse de manière négative. Moi, je me réapproprie ce terme parce que ce sont les gens qui l’ont démonisé. Être grosse est un qualificatif au même titre que d’être grand ou blond.

Moi je n’ai pas de problème à l’utiliser. Et quelquefois ça crée des malaises… Quand on se dit gros, les gens ont le réflexe de nous dire “ben non, t’es pas gros !”  Je leur demande alors s’ils sont myopes (rires) ! ».

L’humour salvateur

Mère de Clovis et Léo, deux adolescents autistes, Guylaine se sert de son sens de l’humour dans bien des situations. Cette mère inspirante raconte : « Parfois, je pleure aussi. La structure sociale est tellement lourde et compliquée qu’il est là, le vrai drame, beaucoup plus que dans la différence de mes enfants. 

Moi, mes enfants je les trouve fascinants. Je ne connais pas des gens plus authentiques qu’eux. On a beaucoup à apprendre de cela, nous, les neurotypiques, qui savons manipuler un peu les émotions.

L’humour m’a sauvé la vie à plus d’une reprise. Évidemment, avec le quotidien atypique que je vis chez-moi, cela m’a servi souvent. Je parle d’humour mais il s’agit aussi d’une forme de résilience et d’une certaine légèreté. 

Il y a des choses qui semblent très graves pour beaucoup de monde comme avoir un enfant différent. Moi, je vois ça juste comme une autre réalité. Moi, Guylaine Guay, j’ai la personnalité que j’ai et ça me fait avoir une belle vie. »  Et elle ajoute : « Moi, j’aime la condition de mes enfants. Cela m’a amenée à m’ouvrir et à m’abandonner à mon destin. »

Marraine de la Fondation Véro et Louis

Dans mon livre Deux garçons à la mère, étant préoccupée de l’avenir de mes enfants, j’écris au sujet de Clovis qui est non-verbal. Je dis que je rêve d’une maison remplie d’amour pour lui et je me demande qui la bâtirait. J’y ajoute que je suis persuadée que quelqu’un de généreux va lire ces lignes. 

Eh bien, c’est tombé sur Véronique Cloutier qui a lu mon livre ! Elle m’a appelée pour me dire qu’elle souhaitait mettre sur pied une fondation. Avec son mari, Louis Morissette, ils ont décidé de créer la Fondation Véro et Louis. Mon souhait exprimé dans le livre est devenu l’étincelle de la mission de cette fondation ! »

Sur le site web de la Fondation Véro et Louis, on peut y lire qu’elle a pour mission de « créer des milieux de vie adaptés aux besoins des adultes de 21 ans et plus vivant avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA) pour qu’ils puissent s’y épanouir, tout au long de leur vie. »

Une belle implication

« Je suis marraine de la fondation. La première maison qui est énorme est actuellement en construction à Varennes. Elle accueillera entre 16 et 20 personnes autistes semi-autonomes qui ont besoin de supervision pour leur vie quotidienne. Ce sera leur milieu de vie adapté permanent.

J’ai travaillé avec une firme d’architectes pour le côté sensoriel. Avec d’autres parents, on a parlé de nos séquences de vie… Comment se passaient nos journées avec nos enfants ?

Dans cette belle grande maison, il y aura plusieurs chambres, des salles communes, une salle de cinéma, une grande cour, des balançoires, de jolis sentiers… »

Et ce sera beau ! Dans la société, souvent ce qui est pratique n’est pas nécessairement beau. « On voulait que ce soit spectaculairement beau pour montrer au reste du monde qu’eux aussi ont droit à la beauté ! Ce sera extraordinaire ! »

Son point de vue

Je ne pouvais m’empêcher de demander à Guylaine ce qu’elle conseillerait à des parents qui viennent d’apprendre que leur enfant est différent. À ces parents, que leur dirait-elle ?

« Je les comprends. Je comprends leur choc, leurs inquiétudes, leur tristesse, leur colère et leur incompréhension. Mais, avec toutes les années d’expériences que j’ai, je leur dirais qu’il importe d’aimer leur enfant tel qu’il est.

J’ai entendu bien des choses… certains veulent guérir ou changer les choses. L’acceptation, selon moi, est la plus importante chose à faire. J’ai envie de dire aux parents de se faire confiance en tant que parents, donc ne pas se lancer sur toutes les solutions miracle qui leur sont présentées. 

Je les invite à accompagner leurs enfants pour les aider à atteindre leur potentiel à eux. Ne surtout pas comparer. Leur enfant ne sera jamais comme leur cousin neurotypique. Comme deux neurotypiques sont différents également.

Quand on accepte la condition… d’aimer nos enfants comme ils sont, quand on leur parle de leurs conditions, quand on nomme les choses avec les vrais mots… ça facilite bien des transitions. »

Bref…

Qu’ajouter de plus sinon qu’il fait bon discuter avec une personne aussi rayonnante que Guylaine Guay ? Ce n’est pas mêlant, après cette discussion j’avais envie de sortir sur mon balcon et de crier haut et fort « Je suis grosse et différente ». Et tout ça avec un sourire bien franc et la conviction que cette affirmation pourra un jour changer le monde !

Guylaine Guay est à la barre de l’émission Des familles comme les autres sur les ondes d’AMI télé. Elle nous charme les oreilles, nous fait rire et réfléchir dans l’émission Véronique et les fantastiques sur les ondes de ROUGE fm.

Laisser un commentaire