Isabelle Stephen, une Aspie des plus créatives!

Par Josée Durocher

Il y a quelques jours, j’ai fait la connaissance d’une magnifique femme et j’ai eu envie de vous parler d’elle afin de vous démontrer à quel point les autistes peuvent être imaginatifs et créatifs, fonceurs et doués. Isabelle Stephen est tout sauf ennuyante, et je mets au défi quiconque de ne pas avoir un sourire bien accroché au visage lors d’un entretien avec elle surtout lorsqu’elle rit de son rire contagieux qui fait penser que la joie de vivre, bah, c’est sûrement elle qui l’a inventée!

Plusieurs chapeaux sur la tête et plusieurs cordes à son arc

J’ai connu Isabelle Stephen en écoutant le podcast Les Fallopes animé par Mélanie Couture sur qui je signe un texte sur ce blogue et Erich Preach. Elle y était invitée à titre de fondatrice de la Communauté Asexuelle de Montréal pour s’exprimer sur le sujet de l’asexualité et répondre aux questions des animateurs et des participants. Elle y est allée également du partage de certains bouts de sa vie personnelle.

Elle a immédiatement capté mon attention si bien que je lui ai écrit, et c’est en communiquant ainsi avec elle que j’ai appris qu’elle est Aspie! Du coup, je n’ai fait ni une ni deux et je lui ai demandé une entrevue. 

L’Aspie

Crédits photo: Noxi Black

« Ça faisait un moment déjà que je me rendais compte que j’étais différente des autres. Ma mère me disait que je ne pleurais jamais quand j’étais bébé ou dans la petite enfance. L’aspect social m’a toujours été pénible. Si je suis avec une personne, ça va bien, mais en groupe, je ne fonctionne pas vraiment. C’est plus difficile, car j’ai l’impression de ne pas appartenir au groupe. Par contre, lorsque je suis sur une scène, je n’ai pas de problème à connecter avec les gens

Crédits photo_ Noxi Black

Le stress que je ressens lorsque je suis en groupe, c’est très étrange. J’ai aussi du mal avec les conversations qui portent sur tout et rien. J’ai peu de curiosité envers les autres, et ce n’est pas qu’ils ne m’intéressent pas. Ce n’est pas en moi, c’est tout. Avec le temps, j’ai appris par cœur les comportements que je devais adopter.

Je ne suis pas du genre à faire des câlins non plus! L’aspect affectif physiquement c’est difficile pour moi. Mais en voyant comment les gens agissent j’ai appris beaucoup. J’en suis donc plus chaleureuse. Je ne suis pas à l’aise avec le toucher sauf si c’est la personne dont je suis amoureuse qui me touche et que je touche… mais ça prend du temps! »

Que fait Isabelle Stephen?

Elle travaille en postproduction vidéo, cinéma et télévision. Elle fait aussi du contrôle qualité sur les films et les séries télé, et de l’archivage… En fait, elle est multidisciplinaire toujours en postproduction.

Pour s’amuser, elle donne dans la photographie, la retouche photo artistique (chose qu’elle semble beaucoup aimer), la magie et le stand-up comique. Elle a déjà été comédienne dans des films de type gore, chose qui n’est pas étonnante puisqu’elle se shoote aux films d’horreur depuis sa tendre enfance!

« Moi je fais ce dont j’ai envie! Si j’ai le goût de faire une pièce de théâtre par exemple, je l’écris et je la monte d’un bout à l’autre », m’explique Isabelle.

Et, une année, c’est d’ailleurs ce qu’elle a fait dans le cadre du Festival Fantasia! Isabelle est hot de chez HOT! Proactive dans tout ce qu’elle entreprend, elle ose faire ce qui lui tente.

La Communauté asexuelle de Montréal

Après le visionnement d’un documentaire plutôt explicite sur le sujet de l’asexualité et deux conversations plus tard avec différentes personnes, elle réalise qu’il y a anguille sous roche. Elle décide de s’investir dans des recherches plus poussées. 

« La Communauté Asexuelle de Montréal compte pas moins de huit cents personnes. J’ai réalisé en 2015 que l’asexualité était possible et que je me situais probablement sur son spectre. Je ressentais le besoin de rencontrer d’autres personnes comme moi et j’ai cherché un genre d’association en vain… ça n’existait pas alors je l’ai créée. »

Dans le grand spectre de l’asexualité, on retrouve plusieurs orientations dont les asexuels (ne pratiquent aucune sexualité), les gris-sexuels (ont une attirance une fois de temps en temps), les demisexuels (peuvent développer une attirance sexuelle quand un lien émotionnel les unit à une personne spécifique), les fraysexuels (éprouvent une attirance sexuelle immédiate, mais qui s’effrite au fur et à mesure que leur sentiment amoureux pour l’autre personne augmente), les aegosexuels (ont une très forte libido et consomment beaucoup de pornographie, mais n’auront pas nécessairement de relations sexuelles) et les cupiosexuels (ne ressentent pas d’attirance sexuelle, mais voudront avoir tout de même des relations sexuelles dans leur vie pour diverses raisons).

N’oublions pas que l’attirance peut être divisée en plusieurs catégories comme les attirances sexuelle, romantique, esthétique et sensuelle.

Beaucoup de femmes autistes se disent asexuelles, car elles n’ont pas de désir, et leur libido ne semble pas vouloir s’exprimer d’aucune façon… mais encore plusieurs autres se colleraient à cette définition si elles savaient les orientations qu’on retrouve sur le spectre de l’asexualité qui est encore, somme toute, très peu connu.

Pour Isabelle Stephen, l’heure des questions est terminée. Sachant très bien à qui elle a affaire lorsqu’elle visite son monde intérieur, ne lui reste plus qu’à poursuivre ses rêves comme elle l’a toujours fait! Quelque chose me dit que des rêves, elle en a plusieurs en tête et qu’elle les concrétisera tous!