Je suis une poussière

Par Josée Durocher

Une poussière. Un tout petit grain de poussière dans un univers récalcitrant à ma lumière. Je danse et je bondis dans les airs. Je suis une poussière. C’est ainsi que je me décrirais à quelqu’un qui ne connaît rien des humains ni de l’autisme. Car, comment me décrire sinon en ces mots : moi qui flotte çà et là au gré d’une société trop souvent réfractaire à qui je suis.

Encore elle!

Certains se disent déjà : « Mais de quoi se plaint-elle encore, celle-là qui écrit à qui mieux, mieux et qui n’a certes pas la langue dans sa poche non plus ? » D’autres, qui me ressemblent, comprennent que je n’aurais pas assez de toute une vie à écrire et à parler que je ne dirais rien si ce n’est « J’existe ! ». Mes textes et mes mots sont un seul cri : « J’existe ! »

Et pourquoi écrire à ce point ou dire tout le temps si je ne suis, en réalité, qu’une petite poussière que les gens ont souvent tôt fait de faire virevolter du revers de la main ? Pour être vivante, car mon but est de vivre malgré les époussetages de toutes sortes, malgré les camouflages, les miens et ceux des autres. La petite poussière veut vivre une vie longue et heureuse.

Être

Ma quête n’est pas de finir toute fin seule sans bonheur. Ma quête est de vivre heureuse, entourée d’autres poussières qui se reconnaissent en moi et en qui je me reconnais aussi. Il y a sûrement des grains de poussières me ressemblant, m’aimant pour qui je suis. Dans tout ce que je raconte, par écrit ou par la parole, je ne veux seulement qu’on me voie.

Je ne veux pas terminer ma vie bien aplatie sur un chiffon sans avoir été vue ! Ce serait trop bête ! Et tant qu’à y être, tant qu’à écrire, tant qu’à parler et tant qu’à exister, pourquoi ne pas rendre ma vie suffisamment intéressante que même ceux qui ne se reconnaissent pas en moi aiment me lire ou m’entendre. Pourquoi pas ?

Une parcelle de lumière

J’ai tellement de choses en tête, tellement à exprimer aussi ! Aurai-je assez de toute ma vie pour tout faire ? Toucher les gens par des mots gribouillés ou parlés, ça prend un temps fou à exécuter !

Parce que, rappelez-vous, je suis une poussière… Un petit grain de poussière qui virevolte çà et là au gré de l’air ambiant. Une parcelle de poussière où se reflète la lumière. Une petite « brillance »…