La pire expérience professionnelle à vie !

Par Josée Durocher

Si je prends ma plume aujourd’hui pour vous écrire c’est pour vous sensibiliser à la différence en milieu de travail. Je n’ai pas toujours été travailleur autonome et j’ai été employée par différentes boîtes pour différents métiers.

 

Je suis peut-être une personne autiste, mais j’avais aussi, comme tout le monde, des factures à payer. Je devais me loger et me nourrir…

 

Toutes ses expériences professionnelles se sont ressemblé et ce n’était certes pas une joie intense pour moi de travailler là, mais une entreprise plus qu’une autre m’a littéralement traumatisée.

 

La boîte infernale

C’était une compagnie assez importante qui se disait moderne dans l’acceptation des différences. Bien rapidement, l’on s’est mis à me narguer parce que j’avais des passions en dehors de mon travail et on tentait de me dénigrer ce faisant.

 

On me prenait à part pour me dire que je n’étais pas comme les autres, que j’avais l’air hautaine ou que je n’avais pas l’air de m’intéresser au travail que je faisais.

 

On m’en voulais parce que je ne mangeais pas avec les autres et que je ne prenais pas mes pauses avec eux. Pourtant, j’arrivais tôt, je prenais mes pauses à mon poste de travail et je travaillais sur mes heures de lunch.

 

Je n’étais pas bavarde et quand je parlais on me trouvait trop directe. Mes tâches de travail étaient très difficiles, car elles n’étaient basées sur aucune logique. 

 

Aucune logique

Ainsi, puisque nous étions une entreprise de service, je vendais lesdits services, mais ils n’étaient basés sur aucune logique. La fixation des prix était définie au « feeling » du directeur de département et non à une charte quelconque.

 

On m’a donné un plus gros mandat un jour sans me payer davantage et pour m’enlever les responsabilités données sans explication une fois que le travail était presque achevé.

 

Les femmes, c’est moins que rien

Dans cette entreprise, la culture du viol et le sexisme étaient bien présents et toutes les femmes y œuvrant en étaient victimes. J’avais l’impression de me battre contre le vent quand je portais plainte et on me punissait plutôt que d’aviser les responsables des inconduites sexuelles contre lesquelles je me plaignais.

 

C’est au bout d’un an… à bout de souffle que je me suis retrouvée en burnout, seul… sans ami pour m’entendre, m’écouter et me comprendre. 

 

Un traumatisme

Juste d’entendre le nom de cette entreprise me donne encore la nausée. Vous imaginez bien qu’écrire ce texte m’a été très difficile. Mais aussi insupportable que cela puisse être, je trouve important de dire que, autisme ou non, on aurait dû m’écouter sans me critiquer et m’inviter plutôt que me narguer.

 

Se tenir debout

Vous qui me connaissez, vous savez très bien que si j’avais su à l’époque pour mon autisme, j’aurais parlé, j’aurais demandé et exigé certains accommodements. Je n’aurais pas pu changer les dirigeants de type Cro-Magnon pour des humains plus évolués… mais à mieux me connaître, j’aurais sûrement porté plainte aux normes du travail.

 

Ce récit semble venir de très loin et c’est le cas, cependant, je reçois beaucoup de messages de femmes autistes qui me racontent tout ce qu’elles vivent au travail et je me revois moi, au sein de cette maudite entreprise à tout faire pour survivre !

 

On doit parler

J’allais dire : « Parlez et parlez haut et fort pour qu’on vous entende ! », mais je préfère dire « Demandez de l’aide pour que d’autres parlent avec vous ! ». Car de l’aide il y en a. Vous n’êtes pas obligée de vous battre toute seule… Souvent, de toute manière, à se tenir debout à plusieurs, on se fait plus entendre et c’est moins épuisant !