Le courage de s’affirmer et s’assumer autiste

Par Josée Durocher

S’il est une chose que je n’ai jamais su cacher depuis que j’ai reçu mon diagnostic tardif c’est le fait que je suis une personne autiste. Effectivement, j’aime que mes relations soient sans ambiguïté et j’explique que je suis autiste à presque chaque nouvelle rencontre, et ce, depuis bientôt six ans.

C’est plus fort que moi. J’aime que les gens soient au courant de mon autisme pour éviter tous les problèmes qui pourraient naître d’une quelconque forme d’incompréhension. Je serre peu souvent les mains, je ne regarde pas tous les gens dans les yeux, je suis fanatique de certains sujets et… je dis souvent tout haut ce que je pense tout bas. Remarquer que ce dernier point est moins important puisque j’ai mis des années à pratiquer le « savoir-vivre ».

La chance

J’ai été chanceuse, car, à l’heure d’annoncer mon diagnostic les premières fois, les gens à qui je m’ouvrais ne m’ont pas trop fait de « misère ». On ne m’a pas jugée, on ne m’a pas traitée différemment… on m’a écoutée, entendue… comprise à la hauteur de toute l’ouverture d’esprit dont on faisait preuve et dont on était capable aussi.

Cela a tout de même été plus difficile quand est venu le moment de poser mes limites et de les faire respecter. Je me connaissais comme si je me voyais dans le reflet d’une glace pour la première fois et j’avais un vocabulaire nouveau pour m’expliquer et expliquer aux autres qui je suis. 

C’était plus fort que moi, c’était viscéral : je devais me faire respecter. Pour ce faire, j’ai appris à nommer mes besoins… et quelquefois non. Un peu comme si les autres allaient deviner de ce qui se tramait en moi. Bien sûr, c’était bien maladroit de ma part et les autres ne pouvaient en rien deviner ce dont j’avais réellement besoin.

Mais à force d’essais et d’erreurs, j’y arrive maintenant plutôt bien. J’ai des besoins particuliers et quand je trouve des solutions, cela implique souvent que des gens doivent me venir en aide. Ce n’est pas toujours évident de demander, mais je le fais de mieux en mieux. Et, surtout, je ne le fais que si c’est vraiment essentiel.

Se faire comprendre

Les personnes autistes qui, comme moi, ont un diagnostic tardif, vivent souvent la même chose ou sensiblement la même chose que moi j’ai vécu et que je vis encore. Elles tentent d’expliquer leur diagnostic à leur entourage et souvent même à des connaissances qui les prennent pour des spécialistes de l’autisme. Un peu comme si, en recevant un diagnostic d’autisme, on devient automatiquement spécialiste et qu’on a réponse à tout.

Navrée de vous l’apprendre, mais, on ne connaît pas tout sur tout parce qu’on a un diagnostic ! Ce qu’il faut retenir c’est qu’on parle de nous, de notre monde intérieur… c’est une entrée qui vaut de l’or pour les autres à qui on s’ouvre !

Certaines personnes autistes souhaitent avoir ce genre de discussions avec leurs proches et se font mal « recevoir ». Elles ont peut-être du mal à s’exprimer, mais les autres ont aussi beaucoup de mal à les entendre. C’est vrai ! Quelqu’un se met à vouloir ou ne plus vouloir qu’on adopte certains comportements envers lui, juste à cause d’un diagnostic… c’est à ne pas y croire !

La vérité

Pourtant, la réalité est que, même si vous avez du mal à y croire, la personne autiste a réellement besoin de vous parler de tout cela. Elle a autant besoin de vous nommer les choses que de vous expliquer d’autres choses et de faire des demandes relativement à ces choses.

Les demandes n’ont rien de démesuré, croyez-moi ! Elles viennent d’un besoin qui se fait entendre très fort. Un besoin qui tentait de se faire entendre souvent toute une vie avant un diagnostic d’autisme.

Imaginez avoir un besoin criant et ne pas pouvoir le combler des années avant de pouvoir le nommer… c’est carrément pénible à vivre. Je le sais, je suis encore à nommer des choses, à les expliquer et à faire des demandes relativement à ces choses !

La vérité est qu’on soit autiste ou pas, la clé de toute relation est la communication, l’écoute, l’empathie, le désir que l’autre se sente bien avec nous et le désir de se sentir bien avec l’autre. Alors, si quelqu’un près de vous vous fait l’annonce de son autisme, dites-vous bien que tout n’est pas toujours facile pour cette personne. 

Aller vers les autres en ne sachant pas comment on sera reçu, ça demande un gros paquet de courage. Demandez à ceux qui savent. Ils savent !