Le droit d’être comme soi

Par Josée Durocher

Je n’ai pas de rythme et je ne sais pas bouger. D’ailleurs, lorsque j’étais jeune et que je faisais tout pour être comme les autres filles de mon âge et que je suivais des cours en ballet jazz, une enseignante m’a véritablement complexée avec le fait que j’étais une piètre danseuse.

 

Une critique…

Mais, si ce n’était que cela! Elle m’avait interpellée devant toute la classe pour me dire que je ne savais pas me tenir, que je bougeais mal et que j’avais juste l’air d’être molle. Pour elle, c’était de la pédagogie. Pour moi, c’était des complexes à la pelle et la honte devant toutes mes camarades.

 

Immédiatement après, les autres se plaisaient à me répéter que je n’étais pas bonne et m’imitaient, mal, comme si elles étaient devenues tout à coup des caricatures de qui j’étais. Et moi, je voulais tant me faire aimer que même si je me rendais compte qu’on se moquait de moi, je persistais en tentant d’être une meilleure danseuse.

 

Une amie qui danse

J’avais oublié cette période de ma vie et ces événements jusqu’au jour où une amie comédienne et conférencière m’a interpellée devant tout un groupe en me disant que je ne devais probablement pas faire des étirements et danser dans la vie… au quotidien.

 

Sur le coup, cela m’a énormément et profondément blessée. C’était un peu comme si j’avais fait marche arrière pour me retrouver à mes 14 ans, tout aussi blessée.

 

Dans ses ateliers-conférences, cette amie faisait danser les participants en style libre. Talentueux ou non, tout le monde dansait sauf moi. Moi qui, trop blessée et ayant trop peur d’être critiquée ou de faire rire de moi, rageais dans mon coin sans dire un mot.

 

Inspiration divine

Depuis ce temps, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Cette grande amie nous a quittés pour un autre monde, mais je l’entends souvent en rêve me répéter de danser. Et, depuis peu, j’ai décidé de l’écouter. Je danse.

 

Je danse dans la cuisine au petit matin lorsque j’attends que mon café soit prêt. Je danse dans mon salon en écoutant des chansons et je danse dans ma chambre le reste du temps, toujours loin des regards, dans le but de me dégourdir et de bouger enfin.

 

C’est fou, quand on y pense, comment certains événements du passé peuvent nous emmerder longtemps! Je regrette le temps passé avec mon amie comédienne et conférencière… tout ce temps où elle était la joie de vivre incarnée et où j’aurais pu danser en sa compagnie.

 

Mais je me console en me disant que si j’en rêve c’est qu’elle est peut-être tout près et qu’elle danse avec moi, même lorsque je me crois seule.

 

Même sans talent…

La vérité est que j’aime danser et que j’ai toujours aimé ça. J’ai laissé quelqu’un un jour m’anéantir et j’ai cru à son message pendant longtemps, trop longtemps. C’est donc dire à quel point on donne de l’importance à ce qui nous fait souffrir!

 

Je sais que vous êtes habitués à ce que je vous parle d’autisme. Là, c’est de mieux-être que je vous parle. Parce que de toute manière, quand on détonne des autres, on se fait remarquer même si c’est la dernière chose que nous désirons.

 

J’ose espérer que vous ne ferez pas comme moi et que vous ne cesserez jamais de danser, d’aimer, de chanter, de peindre, de dessiner ou d’écrire parce que quelqu’un, quelque part, croit qu’il peut vous critiquer!

 

Ne pas être comme les autres n’est pas un défaut en soi… vive la diversité et le droit d’être comme soi!  Et vous?  Qu’est-ce qui vous passionne et qui vous distingue?

 

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