Nous brisons les moules !

Par Josée Durocher

Les moules… ces fameux moules que la société tente d’imposer à nos vies pour qu’on soit tous semblables aux autres. Moi, je les ai toujours cassés. Même avant de me savoir autiste, j’étais peut-être dans l’incompréhension la plus totale, mais je les brisais à coup sûr.

Aujourd’hui, je suis consciente de mon autisme et j’ai eu quelques années pour mieux le comprendre. Si ce n’est pas évident tout de suite de recevoir un diagnostic tardif, on se fait bien rapidement à l’idée qu’on n’a jamais été et qu’on ne sera jamais comme tout le monde.

Hypocrisie

Je ne ferai pas que des heureux ici en dénonçant l’hypocrisie crasse que certains pratiquent quand ils tentent de nous imposer une manière d’être ou de penser. Je dis hypocrisie, car ils aimeraient sûrement, en silence, être un peu plus à gauche ou un peu plus à droite de la ligne qu’ils se tracent eux-mêmes !

Certaines personnes sont même envieuses lorsque nous prenons notre place telle qu’elle doit être habitée. Ils ne conçoivent pas que des personnes différentes puissent s’exprimer selon leur droit qui n’est en fait qu’un droit que je qualifierais d’humain. Et si en plus nous demandons des accommodements parce que notre condition l’exige, ils en font presque une syncope tellement ils nous trouvent effrontés !

Au diable!

On dérange et on déclenche les gens, c’est bien connu. Si je fais une analogie avec le développement personnel, lorsque nous comprenons des choses sur nous-mêmes et que nous effectuons certains changements ou certaines modifications, il arrive fréquemment que les autres soient dérangés et se sentent bousculés par ces nouvelles situations.

Mais au diable l’envie, nous sommes là, nous nous exprimons de plus en plus pour faire connaître et entendre nos voix et nous ne sommes pas près de nous taire. Tant pis pour ceux et celles qui ne prennent pas la leur de place ! Tant mieux pour nous et tous ces autres qui la prenons pleinement, sans enlever rien aux autres, juste en étant.

Par chance…

Heureusement, nous avons des alliés. Il existe des gens que la différence n’effraie pas. Ils ont parlé pour nous et maintenant ils nous cèdent la parole pour qu’on parle nous-mêmes, de notre réalité. Véritables amis de tous les instants, nous pouvons compter sur leur sensibilité et leur sens de l’équité pour nous aider à rendre notre chemin plus large, dénué de tout débris.

La parole

C’est en discutant tous ensemble que nous apprendrons à vivre ensemble. Chacun étant aussi important que les autres, nous vivrons nos vies harmonieusement en prenant tous notre place sans jalousie pour la place d’autrui.

Un jour, nous ne dérangerons plus, nous intéresserons, nous serons compris et aimer pour qui nous sommes. Nous n’aurons pas à défaire les moules, car aucun moule ne sera forcé sur nous. Nous, de toute manière, nous brisons les moules !