Répéter pour me réconforter

Par Josée Durocher

 

« Frigidaire! Frigidaire! », que je criais sans cesse. Je savais pourtant que ma mère était là et qu’elle m’entendait répéter ce que la speakerine de la publicité à la télévision répétait aussi pour les besoins de la cause. Moi, je ne pouvais m’empêcher, même si je trouvais ça aussi étrange que ma mère, de répéter « Frigidaire! Frigidaire! ». En fait, ça me faisait un bien fou de répéter ainsi ce mot… cette marque qu’on me martelait dans les oreilles chaque fois que la pub passait à la télé.

 

De souvenir en souvenir

Honnêtement, j’aurais probablement oublié cet incident, mais dernièrement, je ressens ce besoin de répéter certains mots. De la même manière que je m’époumonais à crier « Frigidaire! Frigidaire! », je répète sans cesse certains mots qui n’ont aucun lien entre eux, mais qui me font un bien fou à articuler, à dire, à crier.

 

Dans un autre contexte, je me demanderais probablement si je suis normale, mais étant une personne autiste et connaissant un peu l’écholalie, sachant tout ce que ça me fait vivre de répéter ainsi à voix haute certains mots que j’entends et sachant comment je me sens après, je ne me demande pas où est la normalité là-dedans. Je me dis simplement que ça me fait un bien fou, ça ne fait pas de mal à personne alors pourquoi pas?

 

Prémisse… punch!

Quelquefois, ça passe plus inaperçu… je répète la fin des « punchs » d’une blague que j’entends, toujours à la télé. Moi, ça me fait du bien, et les gens autour pensent que j’ai vraiment aimé la blague ou pensent simplement que je tiens à ce qu’ils la comprennent.

 

Eh oui, je masque encore. Comme un vieux réflexe, parce que c’en est un… le masquage revient en force quand je sors un peu de la petite boîte étroite dans laquelle la société veut que j’entre sans chigner. Maudite boîte, hein?

 

Pratico-pratique

Moi en fin de journée, j’ai besoin, comme tout le monde, de relâcher le stress, de me calmer d’une journée intense, et répéter certains mots a l’effet d’un massage intérieur sur moi. Il y a des gens qui vont se faire masser le corps, d’autres qui méditent… moi, ces temps-ci, je répète. Ça me calme intensément. Je me sens tellement mieux après!

 

Et puis j’en viens à me dire « So what?! Il n’y a pas mort d’homme. Je veux dire que ce n’est pas si effrayant que ça. » Alors je continue, et ça m’aide à me réorganiser et à réguler mes humeurs. Ça me rend de très bonne humeur aussi. Ce qui n’est nullement négligeable.

 

Et à force de vous en parler, y a un mot qui me vient en tête et c’est « Frigidaire! » Alors je vais aller voir quelques pubs pour trouver d’autres mots qui m’accrochent et que je vais sûrement répéter… pour me réconforter.