Trop d’autistes? Vraiment?
Par Josée Durocher
On les voit de plus en plus et on les entend aussi. Ils ont grand besoin de s’exprimer et de se faire comprendre. Ils sont là, parmi vous… et j’en fais partie. Je suis autiste Asperger ou de niveau I si vous préférez.
Parce que nous, les autistes, nous nous exprimons davantage, certains croient, à tort, qu’il y a plus d’autisme qu’avant. Et les fausses nouvelles à son sujet sont légion! Les vaccins et l’environnement malsain en gagnent la palme.
Des théories saugrenues
Effectivement, nombreux sont ceux qui croient que les vaccins administrés durant la petite enfance ou encore ceux que les parents ont reçus une fois adultes causeraient l’autisme. C’est faux, complètement faux.
D’autres prétendent que l’environnement y serait pour quelque chose. À ce jour, il n’y a rien de prouvé de ce côté.
Des théories de toutes sortes, et souvent des plus farfelues, font rage sur le Web. Il importe donc de différencier le vrai du faux et de questionner les gens qui savent de quoi il en retourne avec le spectre de l’autisme.
La véritable information
Parce que de la bonne information, ça existe! Aussi, il y a les autistes eux-mêmes qui peuvent vous renseigner sur leur mode de fonctionnement et leur monde intérieur, leurs limitations et leurs forces.
Il m’arrive moi-même de répondre à certaines questions… lorsqu’on me les pose, évidemment! Certains autistes écrivent, comme moi, au sujet de leur réalité. Il y a les textes dits plus scientifiques et des textes comme les miens qui sont, la plupart du temps, empreints d’émotion.
Chose certaine, il y en a pour tous les goûts et tous les besoins. Néanmoins, il existe toujours un flot de fausses informations qui sont véhiculées un peu partout. Avec le temps, elles deviennent des croyances bien ancrées dans l’imaginaire des gens et du point de vue d’une autiste, comme moi, c’est de plus en plus ennuyeux.
Plus d’autistes qu’avant?
La dernière en lice serait celle qui veut qu’il y ait trop d’autistes. Que les diagnostics sont aisément donnés… un peu trop facilement en fait.
S’il est vrai que nous parlons davantage d’autisme de nos jours c’est qu’on en voit de plus en plus. Ce n’est pas, à mon humble avis, parce que les diagnostics sont facilement donnés qu’il y en a plus! C’est parce qu’il est beaucoup plus facile aujourd’hui de diagnostiquer l’autisme qu’avant.
Si l’on prend l’exemple des femmes chez qui l’autisme est souvent plus subtil dans son expression, les méthodes et les évaluations diagnostiques se sont peaufinées avec le temps. Il semble qu’il y ait plus d’autistes. C’est vrai dans un sens parce que c’est plus facile de diagnostiquer l’autisme, tout simplement.
L’autisme n’est donc pas sujet à une épidémie comme certains le laissent entendre et comme d’autres le croient. L’autisme a toujours fait partie du portrait humain. Il était seulement confondu avec d’autres choses ou passait inaperçu.
De grandes souffrances
Il était alors question de très grandes souffrances chez les autistes eux-mêmes qui étaient diagnostiqués de différentes maladies et qui recevaient des soins superflus.
L’autisme n’étant pas une maladie, mais une condition, on rendait malades des gens qui se portaient bien.
Je crois, et encore une fois, c’est une opinion bien personnelle, que plus nous parlerons d’autisme, plus il y aura d’autistes. Pourquoi? Parce que les gens n’auront plus peur d’aller chercher un diagnostic qui leur est destiné afin de mieux se comprendre et mieux vivre leur vie.
Se connaître enfin
Ma vie, je la vis mieux depuis que je me sais autiste. Si je n’avais pas reçu ce diagnostic, j’aurais poursuivi ma quête afin de me connaître davantage. J’avais besoin de savoir ce qui se tramait en moi… un urgent besoin.
Et, je ne souhaite pas que des gens qui n’ont pas cette condition soient diagnostiqués, évidemment, mais je souhaite ardemment que les gens qui sont autistes le soient en toute connaissance de cause.
Il y aurait, assurément, beaucoup moins de malheur en ce monde et plus de gens qui peuvent regarder et marcher vers l’avant plutôt que de stagner dans leur mal-être.
Qu’en pensez-vous? Vous êtes autistes et vous avez une opinion? Exprimez-vous!
Bonjour, je suis tombé par hasard sur cet article en faisant des recherches et dans l’ensemble je suis parfaitement d’accord avec vous. Le problème aujourd’hui c’est qu’il y a énormément de gens qui s’auto-diagnostique autiste, souvent sur internet avec des test qu’on peut y trouver. Je ne dis pas que ces personnes ne sont forcément pas autiste, peut-être qu’elles le sont, mais je pense que c’est toujours un peu bancale de simplement s’auto-diagnostiquer ainsi. Moi j’ai déjà fait les test qu’on peut trouvé sur internet, à chaque fois on me dit que je suis autiste alors que ce n’est absolument pas le cas. Je ne veux pas juger les personne qui s’auto-diagnostique ainsi, une fois encore, il y en a sans doute parmi elles qui sont vraiment autistes, mais je doute que ce soit le cas de toutes et à force, il me semble qu’on va finir par avoir une certaine confusion sur ce qu’est l’autisme. Si toutes les personnes qui se sentent différentes de la norme finissent par penser qu’elles sont autistes, le mot en lui même ne voudra plus rien dire. Enfin, je ne sais pas, je ne suis pas spécialiste de la question évidemment. J’imagine qu’il faudrait faire des études et des statistiques à ce sujet pour avoir une vision plus net de la situation…
Bonjour Kirhane et merci pour ce commentaire pour le moins généreux! Il y a différentes écoles de pensées concernant la légitimité des auto-diagnostics. L’important, je crois – et c’est très humblement que je l’écris – est que tous se sentent mieux, autistes ou non. La quête du mieux-être passe par différentes étapes, ne l’oublions pas. Quoi qu’il en soit, je vous remercie infiniment pour votre commentaire qui impacte. Merci!
Merci Josée pour cet article, moi aussi, je me sens lasse et fatiguée de ces guerres autour de l’image de l’autisme. Il va falloir que les gens s’habituent à effectivement faire place à une autre image de l’autisme…Peut être une image plus proche de ce qu’ils sont eux-mêmes…Ou du moins d’une part d’eux-mêmes. Ce qui forcément risque de renforcer le rejet de cette réalité déjà tendantiellement puissant. Mais que penses-tu de ces enseignants qui en 25 ou 30 ans de carrière ont pu eux-mêmes voir et ressentir l’augmentation d’enfants autistes ou avec des caractéristiques autistiques…Là est peut-être la nuance ? Je me demande aussi si l’abus des écrans chez les touts-petits et ses effets sur le développement d’un enfant qui serait neurotypique de constitution ne vient pas ajouter quelques enfants aux comportements très problématiques pour la gestion d’une classe dite « inclusive ». Qu’en penses tu ? De leur sentiments « qu’ils ont toujours plus d’autistes dans leur classe » ? Et Merci pour ton travail !