Unanimité et humanité !

Par Josée Durocher

Je le dis souvent, je signe des textes tout en émotion et des textes d’opinion. Si on ne peut s’obstiner avec la première catégorie, car on ne peut ne pas être d’accord avec ce que ressent une personne, on peut très bien avoir des vues différentes de la seconde catégorie.

Sensibilisation

Ainsi, si je dis haut et fort depuis mes débuts en sensibilisation à l’autisme que je ne suis pas une spécialiste de l’autisme, mais de mon autisme, je dis aussi qu’en représentant une partie de la population autiste, je ne la représente pas toute.

Effectivement, cela serait utopique de représenter toutes les personnes autistes puisque nous sommes toutes différentes et, de ce fait, nous ne pensons pas toutes de la même manière.

Vignettes informatives

J’ai lancé une série de vignettes sur les médias sociaux qui se veulent des fenêtres sur la réalité de plusieurs personnes autistes. Pas toutes, mais plusieurs. Elles se veulent un éclairage nouveau — pour certains — sur la vision de certaines personnes autistes relativement à l’attitude et aux comportements adoptés à leur égard ainsi qu’aux commentaires qu’on leur émet souvent. 

Mais au-delà de ce nouveau regard, le but de ces vignettes est de donner place, pour une rare fois, à ce que beaucoup d’entre nous pensent intérieurement et que certains ont beaucoup de mal à exprimer.

Dans certaines de ces vignettes, il est question de violence et de maladresse. Je sous-entends que les gens sont maladroits, souvent et émettent des commentaires violents. Je l’ai exprimé ainsi dans ces vignettes et je persiste ici… on peut très bien, par maladresse, dire des choses qui violentent les autres. Je ne traite personne de « violent » ici, mais je dis que certains comportements sont pour le moins violents.

La violence

La violence pure et dure se situe dans le fait que, malgré avoir parlé de ce que ce genre de commentaires nous faisait vivre à moi et plusieurs autres personnes autistes, on récidive et qu’on tente de nous faire avaler que c’est presque oki de faire ce genre de commentaires. Ce ne l’est pas !

Et quand on reçoit ce genre de commentaires plus souvent qu’à notre tour, il est tout à fait compréhensible que nous ne voulions plus l’entendre et entendre encore moins ceux-là même qui les défendent.

Pour ceux et celles qui sont insultés parce que j’ai osé dire que tout ça était violent, pour ceux et celles qui n’osent pas dire que c’est violent parce qu’ils ne voudraient pas être pris à parti, j’ai une suggestion bien simple à vous faire…

Suggestion

Vous n’acceptez pas que j’utilise le mot en V parce que ça vous confronte, ne venez donc pas utiliser vos grandes théories sur moi et les gens qui pensent comme moi.

Les *« TSA » comme vous nous appelez souvent ne sont pas tous contents de se faire dire que, au fond, tout le monde est un peu autiste. Pas qu’on veuille se délecter de la rareté d’une condition qui, ma foi, est de moins en moins rare parce qu’on la connaît de plus en plus. Non ! Mais parce que c’est, dans les faits et pour plusieurs d’entre nous, très violent à la réception.

C’est déjà bien difficile à vivre pour certains d’être des personnes autistes, en parler l’est tout autant et se faire « fermer » le clapet avec des commentaires du genre pour j’ignore quelles raisons dans le fond, c’est violent !

Pardonnez ma tête de mule et ma grande gueule, jamais… jamais je ne tairai ce que je vis, ce que je ressens et ce que je pense pour faire plaisir aux autres.

En résumé…

Si moi je suis capable d’accepter que tous ne soient pas d’accord avec moi, ça dit quoi de ceux qui s’obstinent et s’obstinent encore à vouloir me faire changer d’idée ?

Non, on ne peut faire l’unanimité, c’est vrai… mais on peut faire « l’humanité » par exemple.

*Et nous ne sommes pas des TSA (nous ne sommes pas des troubles !), mais des personnes autistes.