Autisme : dormir ou ne pas dormir ?

Par Josée Durocher

Cela fait maintenant trois semaines que je dors peu la nuit. Mon sommeil est agité ou inexistant. Je cauchemarde ou je fais de l’insomnie. Est-ce que je prends toutes les précautions pour passer au moins huit heures de repos dans la nuitée ?

J’ai tout essayé, sauf les somnifères, parce que je ne veux pas m’habituer à ces derniers. Tisanes, lait chaud, yaourt, rien à faire, c’est l’enfer ! Je cesse mon exposition aux écrans tôt, je médite, je relaxe, je prie… en vain.

Ce n’est pas d’hier

J’ai toujours eu du mal avec mon sommeil. J’ai comme une alarme interne qui s’éveille la nuit ! Elle m’empêche de dormir tellement elle fait du bruit. Je n’arrive pas à trouver une position confortable et je m’impatiente contre mes draps qui, plutôt que de me laisser tourner comme je le veux, s’enroulent contre mon corps comme si j’étais prise au piège !

Alors, depuis trois semaines, dis-je, je ne dors que très peu la nuit. Ce sont les petits matins, à partir de 4 h, que j’arrive à trouver la paix en fermant les yeux sur le jour qui se lèvera bien rapidement.

Être ou non fonctionnelle

Bien sûr, cela m’occasionne de très difficiles levers du corps quand j’ai des obligations ou des responsabilités à respecter en matinée. La cafetière me fait un son d’ambiance plus souvent qu’à son tour quand je dois me forcer… m’éveiller !

Et si je ne dors pas en matinée, je dois absolument dormir en après-midi. C’est juste plus fort que moi. Je dois dormir, sinon, je ne suis pas du tout fonctionnelle.

Ce n’est pas d’hier que je souffre d’insomnie et quand j’ai reçu mon diagnostic d’autisme, j’ai vite compris, en effectuant quelques recherches sur le Net, que je ne suis certes pas la seule personne autiste à ne pas tomber dans les bras de Morphée la nuit venue.

Celui qui fuit

Nous sommes plusieurs à courir après notre sommeil. Il file à vive allure en nous fuyant. Et à ne pas dormir beaucoup, on se retrouve à le suivre sans jamais l’attraper vraiment. On s’endort partout, sans dormir vraiment !

Et, tout à coup, le sommeil s’arrête net devant nous et on lui fonce dessus ! Et là on dort, on dort et on dort encore. Il m’arrive, une fois par mois, de dormir des dix-huit heures d’affilée ! Oui, chaque mois, je tombe littéralement de sommeil. Je ne fais que l’essentiel et je dors… je roupille comme si je n’avais jamais roupillé avant !

Remarquer ce rythme original ne me dérange vraiment que lorsque j’ai des rendez-vous, du travail à faire ou des réunions à l’horaire. Sinon, je suis habituée comme on s’habitue à presque tout finalement. C’est mon rythme à moi.

Ça dérange souvent les autres si je me mets à leur expliquer que je ne prends pas de rendez-vous souvent en fin pm parce que je dois absolument dormir. Alors je garde pour moi cette information. Parce qu’au fond, il n’y a que moi qui dois savoir comment je gère mon agenda.

Enfin

Pour finir, je ne le dis pas pour me plaindre, car même à petites doses, je trouve le moyen de dormir. J’écris à ce sujet pour que les gens qui sont comme moi se retrouvent dans mes propos et pour que ceux qui ne sont pas conscients que nous pouvons avoir des troubles de sommeils fréquents soient conscientisés.

Je vous laisse… je vais me faire une playlist d’autohypnose. Cela a fait ses preuves déjà !